Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

 

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

 

 


Introduction.

Qui est l'empereur Charlemagne et pourquoi ce nom a été retenu pour nommer la division.

    Liens internes : Les chants de la division Charlemagne

                            Interviews de quelques vétérans

                            Uniformes des combattants

I. Le camp de Wildflecken

Organisation de la brigade puis division Charlemagne au camp de Wildflecken (Allemagne).  

II. La campagne de Poméranie

Premier combat et retraite des Français sur le front de l'est.

III. La bataille de Körlin

Tentative de fixation du front sur les bords de la Persante puis éclatement définitif de la division.

IV. La percée du I./RM Fenet et de l'Inspektion allemande

Retraite pénible mais réussie du Bataillon Fenet à travers la Poméranie

V. Résistance à Gotenhafen

Le Ersatz-Battaillon Martin isolé de la division est enfermé dans la poche de Danzig.

VI. Festung Kolberg !

Après Körlin la tentative d'échappatoire de la compagnie Ludwig.

VII. Carpin avant l'assaut final.

Réorganisation de la division en régiment et préparatif du dernier assaut : Berlin.   


INTRODUCTION

"Si un homme n'est pas prêt à tout risquer pour ses convictions, alors de deux choses l'une : soit son idéal ne vaut rien, soit l'homme lui-même ne vaut rien" Ezra Pound.

Extrait du journal "La Voix" du 03 Novembre 1944.

Charlemagne vu par les cours politiques délivré à Bad Tölz aux officiers de la Waffen SS

Extrait d’ "Histoire du Reich", fascicule pour l'éducation de la SS.

"Dans le chaos des grandes migrations, seule une tribu germanique occidentale, celle des Francs, avait pu développer sa propre structure étatique. Les Francs n'avaient pas émigré très loin et recevaient constamment des renforts provenant de la mère patrie. Sous Charles Martel l'Empire franc possédait encore une forte empreinte nordique et avait atteint les grands centres culturels du Rhin et de ses régions affluentes. Il protégea l'Occident des attaques des Maures lors de la bataille de Poitiers en 732. La donation de son fils Pépin au pape, par laquelle il confirmait à celui-ci la possession des régions de Rome, Ravenne et Ancône, permit de fonder les Etats de l'Église, justifiant ainsi la revendication séculière du pape. Il en découla des conséquences néfastes sur la politique religieuse allemande. Le royaume franc atteignit l'apogée de sa puissance sous Charles 1er, le petit fils de Charles Martel. Il parvint à unifier dans le royaume franc les tribus allemandes de Bavière, de Saxe, de Thuringe et des Alamans, créant ainsi une grande puissance. Mais son empire ne réalisait pas une unité entre le peuple et le territoire. Dans le fond, il ne gouvernait déjà plus un royaume franc mais un empire franco-allemand, ce dont témoignait le lieu de sa résidence à Aix-la-Chapelle. Pourtant, ce grand empire devait acquérir des traits germaniques principalement du fait de la volonté de Charlemagne. Il organisa aussi les premières mesures d'expansion vers l'Est. Lors de la poursuite de ses plans politiques impérialistes, il ne recula devant aucun moyen pour obliger les tribus rétives à se rassembler. Et le duc de Saxe Widukind, le plus grand adversaire de Charles, dut s'incliner face à cette dure fatalité. Autant nous désapprouvons ses méthodes violentes, autant on doit reconnaître que Charlemagne fit de l'Europe d'alors une unité puissante. Widukind, le défenseur de l'âme germanique et Charles, le créateur de l’Empire, témoignent de la grandeur et de l'atrocité des débuts de l'histoire germanique et allemande. Toutes les régions de l'Empire carolingien réunies et gérées de façon centralisée eurent ainsi un développement florissant. Grâce à sa personnalité éminente, Charles maintint la cohésion de l'Empire et dicta à l'Église sa volonté. Mais sous ses successeurs, les puissances tendant à la division de l'Empire s'imposèrent de plus en plus. L'Église soumise à l'État céda la place à l'église romaine politique, et le fils de Charles, Louis le "pieux" devint l'instrument docile de ce nouveau pouvoir. Avec le temps, les parties romaines de l'Empire se séparèrent de plus en plus des régions germaniques. Les héritiers incapables placés sur le trône suivirent la pire des politiques et on aboutit au partage de l'Empire lors des traités de Verdun en 843 et de Mersen en 870.

Le Blason de la division Waffen SS Charlemagne

Il est légèrement différent de celui que l'on donna à l'Empereur, car sa couleur est noire et blanc. Celui de Charlemagne (Karl der Große) est de couleur bleu et jaune. A titre d'information Charlemagne ne porta jamais ce blason qui lui fut attribué des années après sa mort. Il n’était pas non plus porté sur l’uniforme des Français de la Waffen-SS.

La division Charlemagne devait s'appeler initialement "Jeanne d'Arc", les protestations des SS français eurent raison de l'idée "vieille France" des Allemands. Les spiegels (runes de col) devaient par contre évoquer "Jeanne la pucelle" mais restèrent à l’état de projet.  

Nous pouvons remarquer aussi que la SS française a baissé d'une catégorie dans son appellation. Alors que la Sturmbrigade était une SS Freiwillige (second rang, formée de volontaires étrangers aux origines germaniques), le premier rang étant les volontaires Allemands de souche, la division Charlemagne se retrouve au dernier rang - le troisième - c'est à dire comparable aux divisions slaves. L'extrême rapidité de l'instruction, les critères à la baisse et l'absence de cours politique en étaient principalement la cause. Il ne faut pas négliger le fait qu’une partie de la division n’eut guère le choix de son engagement au sein de la Waffen-SS. On ne peut plus à proprement parler de « volontaires » comme pouvaient l’être ceux de la Brigade d’Assaut.

Les chants de la division Charlemagne

Extraits sonores d'époque puis paroles des chants tirés d'un carnet d'un vétéran de Wildflecken. 

Interviews de quelques vétérans

Divers interviews sur le même type tirés d'un magazine mais aussi de correspondance privée

Uniforme des combattants

Parler de manière complète d'uniforme de la Charlemagne n'est pas chose aisée mais quelques points sont abordés.  

"Lieber den Arsch voll zwecken als in Wildflecken werrecken"

Le camp d'entraînement de Wildflecken/Röhn est créé en 1936 par la Wehrmacht. Le projet initial concernait un camp pour 9000 hommes et environ 1500 chevaux; un terrain de manœuvre de plus de 7000 hectares avec des stands de tirs, bunkers, parcs de véhicules, d'un dépôt de ravitaillement et un autre de munitions, tous deux raccordés par voie ferrée. Les cantonnements sont des casernes en brique, plus rarement en bois.

 

Gustav Krukenberg ici avec le grade de SS-Standartenführer.

Edgard Puaud, ici avec son uniforme française en 1944.

Wilhem Weber de la compagnie d'honneur. Ici avec le grade de SS-Untersturmführer.

 

Octobre 1944

La plupart des volontaires français de la Sturmbrigade sont rassemblés au camp de Wildflecken près de Fulda, en Franconie 1, où se retrouvent plus de sept mille hommes.

Pierre Rostaing 2 : "Le camp de Wildflecken est recouvert d'une mince pellicule de neige. A première vue, c'est une immense forêt. Mais en y pénétrant, je remarque une quarantaine de bâtiments de bois et de pierre, avec sous-sol, rez-de-chaussée et premier étage - chacun d'eux peut abriter l'effectif d'une compagnie, soit 120 hommes."..."Seul un vaste espace carré, surélevé, encadré de deux pentes et dominé par un immense rocher : la place Adolf Hitler, a pris le pas sur la forêt."  Louis J. Levast 3 : "Chaque bâtiment était prévu pour abriter une compagnie, une large voie goudronnée traversant la forêt de part en part, donnait accès aux bâtiments par le biais de petites allées venant se greffer sur la voie principale, en bordure de celle-ci des bâtiments abritant les cantines desservant les diverses compagnies; quant aux bâtiments administratifs ils se trouvaient en bordure d'une vaste place, dont un des côtés formait un talus surélevé de 5 mètres environ, et faisant face aux bâtiments administratifs, au centre de ce dispositif s'élevait un mât où flottait le drapeau noir aux runes d'argent aux côtés de nos trois couleurs".

Les unités de la nouvelle brigade appelée à devenir dans quelques mois division, proviennent de la LVF 4 dont l'équipée en Russie est désormais terminée, de la Sturmbrigade SS dont un bataillon vient de subir de lourdes pertes en Galicie au mois d'août, et de divers éléments servant dans les forces armées du Reich : OT 5 , Kriegsmarine 6. Les unités de la NSKK 7, sorte de train des équipages, dépendant de la Luftwaffe, sont par contre restées sur les théâtres d'opération où elles se trouvaient stationnées en Italie et en Yougoslavie. A ces hommes déjà accoutumés à servir dans les rangs allemands, s'ajoutent deux mille Francs-gardes de la Milice française, tant bien que mal repliés à l'est du Rhin, où ils ont d'abord été cantonnés à Ulm. En dernier, quelques hommes du SD 8 notamment ceux de Bordeaux rejoignent les rangs de la future division française de la Waffen-SS.

L'amalgame entre ces divers éléments ne se fera pas facilement d'autant que la nouvelle unité française est désormais totalement intégrée dans la Waffen SS. Les légionnaires de la LVF sont assez "jaloux" de l'indépendance qu'ils ont connue en Russie. Quant aux miliciens, ils sont réticents à l'idée de changer leur tenue bleue contre l'uniforme feldgrau. François Ranque : "La SS et l'habit feldgrau ne nous disaient rien : nous étions fiers de notre indépendance, de notre uniforme français". Certains miliciens du GSS Vichy 9 comme Pierre Petrucci iront rejoindre la compagnie d'honneur du SS-Obersturmführer Weber. Petrucci finira la guerre dans la capitale du Reich.

Louis J. Levast : "Après avoir passé peu de jours dans les baraques en bois et après une revue de détail poussée, l'ensemble des franc-gardes fut présenté à la brigade en formation, composée de LVF, NSKK, Kriegsmarine, Organisation Todt et les Waffen-SS français. Pour ce faire, les francs-gardes furent rassemblés sur le terre-plein dominant la place où étaient rangées les unités de la future brigade citée plus haut. Après discours, chants martiaux, salut aux couleurs, nous sommes revenus dans nos cantonnements" .

Les séances d'entraînements, d'assimilation se poursuivent à un rythme effréné, François Ranque : "Nous avions cru, au début, que l'on formerait de nous un régiment à part, comme cela avait été fait avec la LVF. A notre grande déception, il n'en fut rien : nous devions être dispersés.". Les formations des unités spécifiques sont dispensées en Allemagne mais aussi en Bohème (Janowitz/anti-chars, Kienschlag/grenadiers montés, Sbirow/conducteurs, Hirschberg/commandement, Hradisko/génie, Paderborn/blindés). Pourtant des problèmes persistent comme le froid et la faim. Mais il y a aussi plus grave : les désertions. Une section entière de la 2ème compagnie du régiment 57 plia bagage avec ses mitrailleuses MG42 pour rejoindre la division Wallonie de Léon Degrelle.

Le SS-Brigadeführer Krukenberg à propos des déserteurs : "Nous avions beaucoup trop de déserteurs, beaucoup trop pour une troupe normale. Et leur exemple était d'autant plus contagieux qu'ils désertaient pour partir vers le front. Ainsi je voyais des compagnies perdre des dizaines d'hommes, parce que des Français quittaient Wildflecken pour aller s'engager dans les commandos Skorzeny. Ces garçons désertaient parce qu'ils avaient envie de se battre. C'était honorable, mais très mauvais pour le moral de leurs camarades..."

Léon Degrelle : "Dégoutés de ces brouilles de nains ambitieux (ndlr : ceux de Vichy), nombre de Volontaires français s'éclipsaient de leur unité, rejoignaient ma Division : cent dix-sept transfuges en une seule semaine !

 "Les choses ont bien changé, l'ambiance est très différente...Ce n'est plus notre SS" notera André Bayle ancien de la Sturmbrigade. Les miliciens versés à la Charlemagne sont souvent dévalorisés par les anciens de la brigade d'assaut y compris après la guerre. C'est étonnant puisque nous savons que de nombreux officiers de la brigade étaient eux-mêmes d'anciens cadres miliciens. De plus, de nombreux volontaires de la Kriegsmarine ont été versés à la compagnie d'honneur de Weber, où beaucoup mourront lors de la bataille de Berlin.

En novembre 1944, 20 vrais déserteurs français de la Waffen SS sont attrapés puis exécutés à Wildflecken. A ce titre suivons le parcours de Robert Oue, âgé de 22 ans en février 1945. Sans travail en France, il est travailleur supposé forcé en Allemagne en janvier 1942. En juillet 1942, il s'échappe mais est capturé à la frontière franco-allemande et est condamné à deux mois et demi de prison. En octobre de la même année il revient en France. En juillet 1944, il est de nouveau travailleur en Allemagne puis fin octobre il s'engage à la Charlemagne en espérant s'échapper à la première occasion. Le 6 janvier 1945, il déserte et traverse l'Allemagne en train. En la gare de Woerth, il est dénoncé par un civil et capturé par la police. Il est versé à 10ème compagnie du Rgt 22 de la 10.SS où il déserte une nouvelle fois le 31 janvier 1945 pour se rendre finalement aux américains.  

Le 6 janvier 1945, plusieurs Français offrent 1/4 de litre de sang à la croix rouge allemande et sont payés 5 marks. Le tatouage du groupe sanguin sous le bras gauche se fait vers le 20 janvier mais beaucoup refusent.

Rescapé des combats de Galicie dans la Brigade d'assaut, le Waffen-Obersturmführer Henri Fenet participe au stage de l'Ecole de l'Armée à Hirschberg (Mecklembourg) pour recevoir une formation de chef de bataillon. Il dirigera le premier bataillon du régiment 57, qui intégrera de nombreux vétérans de la Sturmbrigade. Jean Bassompierre, milicien et ancien de la LVF, décoré de la E.K II, de la Croix du Mérite et de la croix de guerre légionnaire, est envoyé de décembre à janvier 1945 à Custrow, au nord de Berlin. Il y suit un stage de chef de bataillon.

10 Février 1945, La brigade "Charlemagne" devient division et prend le titre officiel de 33ème Waffen-Grenadier-division der SS "Charlemagne" (franz nr.1).

L'entraînement des grenadiers n'a duré que trois mois, de nombreux spécialistes n'ont pas encore terminé leur stage et le matériel lourd n'a pas été perçu. La nouvelle division est cependant considérée comme opérationnelle et va être envoyée vers le front de Poméranie par plusieurs convois ferroviaires à compter du 17 février 1945. André Bayle : "Nous partons officiellement pour le camp d'Hammerstein/Konitz; mais officieusement, il est question de combat dans cette zone..." .

La division comprend alors environ 7000 hommes, soit l’effectif d’une Volksgrenadier-Division (nouvelle nomenclature du Heer apparue en 1944). Elle est articulée entre les régiments 57 et 58 (avec chacun deux bataillons de grenadiers), ainsi que les différentes unités de servitude. La Charlemagne ne sera jamais engagé avec des effectifs pleins, et des unités manquantes ne cesseront de venir la compléter au cours des combats.

Le commandant français de l’unité est le Waffen-Oberführer Edgard Puaud, ancien chef de la LVF. Mais il demeure sous les ordres de son homologue allemand (mais néanmoins francophile) le SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg. Il est à noter qu’aucun des officiers de l’état-major de la Sturmbrigade ne participera aux combats de la division Charlemagne : le SS-Freiwillige Sturmbannführer Cance (voir chapitre sur la Sturmbrigade) est désormais instructeur à Kienschlag, et le SS-Freiwillige Obersturmbannführer Gamory-Dubourdeau est détaché auprès du SS Hauptamt de Berlin.

La situation est alors particulièrement grave pour les Allemands car les forces soviétiques ont lancé une offensive de la Vistule aux côtes de la Baltique, tentant d'encercler les troupes allemandes de Dantzig et de Poméranie. Leur objectif est sans nul doute la ville de Stettin et l'embouchure de l'Oder.

 Le SS-Brigadeführer Krukenberg s'explique sur le départ pour le front : "On a beaucoup critiqué ce départ. Eh bien, c'est moi et moi seul qui ait voulu que la division Charlemagne monte au plus vite en ligne contre les Russes."..."Je voulais absolument engager les Français sur le front de l'Est avant que d'autres n'aient l'idée de faire monter la division vers le front de l'Ouest. Cela aurait été une catastrophe. Ces garçons n'avaient rien à faire contre d'autres ennemis que les Soviétiques. J'avais très peur de voir les intrigues de Laval, de Doriot ou de Darnand aboutir à lancer leurs hommes "à la reconquête de la France".

17 février.

Le premier convoi de la Charlemagne quitte la gare de Wildflecken pour Hammerstein, ville située à 100 kilomètres de la mer Baltique, entre Stettin et Danzig. Les premiers éléments de la division comprennent le bataillon antichars du Waffen-Sturmbannführer Boudet-Gheusi qui combattra sans une partie de ses armes lourdes, ainsi que l’état-major de la division avec le Waffen-Oberführer Puaud. Le 18, c’est au tour du premier bataillon du régiment 57 du Waffen-Obersturmführer Fenet, de partir. Et ainsi de suite pour le reste de la division jusqu’au 23 février en une vingtaine de convois ferroviaires. Les éléments du régiment 58 arriveront après ceux du régiment 57.

Quelques clichés du camp de Wildflecken

NOTES

1. Fulda est située à 100 kilomètres à l’est de Frankfurt-Am-Main en Allemagne

2. Pierre Rostaing, vétéran, est l'auteur du livre "Le prix d'un serment"

3. Louis Levast, vétéran est auteur du livre

4. LVF pour Légion des Volontaires Française contre le Bolchevisme 

5. Organisation Todt, génie du bâtiment

6. Kriegsmarine, marine de guerre allemande

7. NSKK

8. SD pour Sicherheistdienst

9. GSS Vichy  pour le "Groupe Spécial de Sécurité de Vichy" composé de Franc-Garde de la Milice et commandé par Tomasi.

Hammerstein est dorénavant Czarne

Puaud Edgard Orléans 1889 - Poméranie 1945

Né le 29 octobre 1889 à Orléans, Edgar Puaud est orphelin dès son plus jeune âge. Encouragé par son tuteur, le jeune homme s'oriente vers le métier des armes et intègre l'école militaire de Saint-Maixent dont il sort sous-officier. En 1914, lorsque la guerre éclate, il est sous-lieutenant dans une unité de chasseurs alpins stationnée dans le Jura. Muté pendant la Grande Guerre, il se bagarre contre les "boches" au sein d'un régiment d'infanterie de ligne. En novembre 1918, il est capitaine et titulaire de la Croix de Guerre 1914-18 avec sept citations dont une à l'Ordre de l'Armée.

En 1920, Edgar Puaud quitte momentanément l'armée pour entamer une carrière commerciale dans le civil. Monsieur et Madame Puaud s'installent à Niort. Nostalgique, connaissant de graves soucis avec son épouse, Puaud décide de tout abandonner et de rejoindre à nouveau l'armée. Avide d'aventures, l'ancien combattant s'engage dans la Légion Etrangère. Capitaine au Maroc, il sert en Syrie avant de revenir d'Indochine au grade de commandant. Le commandant Puaud se taille vite une solide réputation de baroudeur. S'il lui arrive parfois de ne pas s'embarrasser avec la hiérarchie, il reste toujours très efficace et s'impose comme un meneur d'hommes de grande qualité. Simple, athlétique et volontaire, il mène ses soldats avec dureté tout en cultivant une certaine camaraderie avec eux. De ses campagnes dans les colonies, Edgar Puaud ramène la Croix de guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures (TOE) et quelques blessures.

Après les combats de 1939-40, il entre dans l'armée d'armistice, où il commande le IIIe bataillon du 23 R.I. stationné à Montauban. Promu lieutenant-colonel, il devient chef de corps et prend la tête du régiment jusqu'à l'été 1942. Edgar Puaud est ensuite affecté à Agen où il dirige le bureau local de la Légion Etrangère. Il n'y reste que très peu de temps et s'engage dans la "Légion Tricolore" en juillet 1942. Nommé colonel en décembre, il devient inspecteur général de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme ou L.V.F. Il part se battre en U.R.S.S à la tête d'un puis de trois bataillons.

En septembre 1943, il reçoit le commandement de la L.V.F. A cette occasion Edgar Puaud est nommé colonel de la Wehrmacht. En avril 1944, il revient en France afin de participer à une campagne de propagande. Pendant ces quelques meetings, il prend la parole aux côtés de l'aumônier général Jean Mayol de Lupé, du capitaine de Bassompierre, de Jacques Doriot et d'autres collaborateurs. Au Vél' d'Hiv', le 21 avril 1944, il prône un engagement massif de la jeunesse française contre le bolchevisme et souligne la nécessité de "refaire une armée".

En 1944, les restes de la L.V.F (un millier d'hommes) sont amalgamés avec la Französische SS-Freiwilligen-Sturmbrigade "Frankreich" pour former une grande unité de Waffen-SS française. Désignée Waffen Grenadier-Brigade der SS "
Charlemagne" l'unité voit le jour en août 1944. Puaud, nommé général par Vichy en avril 1944 et commandeur de la légion d'honneur, est alors transféré dans la Waffen-SS au grade de Waffen-Oberfüher (grade situé entre colonel et général). S'il prend le commandement des SS français, son grade de général n'est pas reconnu par les autorités nazies et la W-SS.

Le 10 février 1945, la brigade devient division. Puaud en assure la direction opérationnelle mais il est hiérarchiquement sous les ordres du SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg. Ce dernier est inspecteur général des troupes SS françaises. Très rapidement les Français partent en Poméranie pour tenter de faire barrage aux troupes d'assaut de l'Armée Rouge. Les hommes montent au front sans aucun armement lourd ni même de Panzerfaust. Puaud accompagne ses soldats et fait le coup de feu contre les "Bolchos". Début mars 1945, la divisions SS "
Charlemagne" est éclatée en petits Kampfgruppen qui refluent en désordre. Edgar Puaud est gravement blessé à l'épaule dans le cimetière de Belgard où il monte à l'assaut des positions soviétiques avec un groupe de SS Français et Lettons.

Replié dans un cabane forestière, Puaud donne ses dernières consignes. Blessé à mort, il reste seul après le départ des derniers SS français qui se replient vers le Nord-ouest. Gustav Krukenberg prend le commandement de la  "Charlemagne".

Edgar Puaud est porté disparu le 05 mars 1945, vraisemblablement mort, soit des suites de ses blessures, soit à la suite d'un bombardement de l'artillerie soviétique sur la zone où il se situait. A l'Est, Puaud, portant l'uniforme de la Wehrmacht puis de la Waffen-SS, avait été décoré des Croix de Fer de 1ère et 2ème classe allemandes et de la Croix de Légionnaire avec palme.

Gustav Krukenberg, né le 8 mars 1888 à Bonn. Docteur en droit, Gustav Krukenberg choisit la carrière des armes en 1907, au 76è régiment d'artillerie. Il fit la Première Guerre mondiale comme officier d'artillerie et démissionna de la Reichsheer en 1920. Entré au ministère des Affaires étrangères, il prit part à la Conférence de Gênes et assista aux négociations aboutissant au traité de paix de Rapallo en 1922. Directeur du bureau de Paris du Comité franco-allemand de documentation de 1926 à 1931, il devient deux ans plus tard sous-secrétaire d'État et chef du IIIe bureau au ministère de la Propagande. Sa mésentente avec Joseph Goebbels, qui le considère comme trop francophile, lui fait abandonner la haute administration pour le secteur privé et il entre dans un important Konzern de l'industrie chimique comme chef du service juridique. Entré à l'Allgemeine-SS en 1934, il est assigné au 6.SS-Standarte basé à Berlin. Rappelé sous les drapeaux en 1939, il occupera différents postes dans les services de l'arrière (notamment à l'état-major des troupes militaires d'occupation aux Pays-Bas d'août 1940 à février 1941), avant d'être finalement nommé, en 1943, chef d'état-major de la Wirtschaft-Inspektion Mitte qui procède à l'exploitation économique de la Biélorussie pour le compte de la Wehrmacht. Intégré à la Waffen-SS à compter du 1er décembre 1943, avec le grade de SS-Obersturmbannführer des Reserve, il bénéficie de promotions particulièrement rapides. Passé très vite SS-Standartenführer, il est nommé en janvier 1944 chef d'état-major du Ve corps de montagne SS déployé en Bosnie-Herzégovine, puis du VIe W-Armeekorps der SS regroupant les deux divisions lettones. Promu SS-Oberführer dR et bientôt activé, il assure les fonctions de Befehlshaber der Waffen-SS Ostland de juillet à septembre 1944, ayant à ce titre pour mission de faire participer des formations des Waffen-SS à des opérations de police dans les Pays Baltes. En août, il commande un sous-groupement du SS-Kampfgruppe Jeckeln engagé contre les avant-gardes soviétiques dans la zone d'action de la 18e armée. Promu SS-Brigadeführer und Generalmajor des W-SS le 23 septembre 1944, il est nommé inspecteur général de la brigade française SS "Charlemagne". Bien que le Waffen-Oberführer Edgar Puaud en soit le commandeur effectif, Krukenberg veille au grain. Après la disparition d'Edgar Puaud dans la plaine de Belgard (au matin du 5 mars 1945), il assure le commandement effectif de ce qui reste de la 33ème division SS "Charlemagne", qu'il laisse au SS-Standartenführer Walter Zimmermann quand il rejoint Berlin avec le Sturmbataillon français (320 à 330 hommes arriveront finalement dans Berlin encerclée), commandant aussi la 11ème division SS Nordland et livrant les ultimes combats. S'étant constitué prisonnier le 12 mai 1945, il fut condamné à 25 ans de détention par un tribunal militaire soviétique. Emprisonné à Berlin-est, il n'est libéré qu'en 1956 (il passera en tout trois ans en isolement). Les autorités soviétiques l'avaient condamné pour "dommages causés à l'Armée Rouge", par sa résistance militaire en Poméranie et à Berlin. Il décède le 23 octobre 1980 a Bad Godesberg.

Jean Boudet, né le 26/07/1904 à Tarbes. Avocat et Capitaine de réserve de l'armée française, il rejoint la Légion Française Tricolore puis le Service d'Ordre Légionnaire et enfin la Légion Tricolore en 1942. Il s'engage dans la LVF et commande la Compagnie d'Etat-Major du III. Bataillon. Versé à la 33.SS "Charlemagne" il commande le bataillon de chasseur de char du régiment 57, il se rend aux anglais à Bobitz. Décède le 19 décembre 1969.  

Jean Bassompierre, né à Honfleur le 23 novembre 1914. Membre des jeunesses patriotiques et de la Cagoule. Docteur en droit et diplômé en Sciences Politique. Lieutenant durant la guerre de 39-40, secrétaire général de la Légion Française des Combattants des Alpes-Maritimes. Capitaine de la Légion Tricolore il s'engage à la LVF, Ier Bataillon. Croix de Fer 2ème classe puis Croix de guerre légionnaire. En 1944, il est inspecteur général de la Milice en Zone Nord puis est versé à la 33.SS "Charlemagne" et est capturé après la bataille de Körlin. Il s'évade en gare de Salzbourg mais est capturé en Italie alors qu'il s'embarquait pour l'Amérique du Sud. Il est fusillé le 20 avril 1948 et enterré au cimetière d'Auteuil. Pour de plus amples informations : "Le sacrifice de Bassompierre & Frères ennemis" de Charles Ambroise Colin et Jean Bassompierre aux éditions de L'homme Libre.

La gare de Wildflecken

Aujourd'hui encore la gare a très peu changé. 

 

La gare d’Hammerstein. Les pièces de Pak de Krotoff y formeront un point de résistance

 Le camp d'Hammerstein transformé en Stalag avant l'arrivée des Français de la Charlemagne

Composition de la division

2 régiments numérotés 57 et 58, un groupe d'artillerie, un groupe anti-chars, 1 compagnie du génie (opérant en tant qu'infanterie), 1 compagnie de transmissions.

Régiment = deux bataillons

Un bataillon = 4 compagnies (3 compagnies de grenadiers et 1 compagnie de mitrailleuses)

1 compagnie de grenadiers comptait de 120 à 150 hommes et était équipée de 10 mitrailleuses légères chacune.

La compagnie de mitrailleuses dispose de 8 mitrailleuses lourdes et 8 mortiers de 81mm 

22 février.

C'est à l’aube que les premiers éléments de la division débarquent à Hammerstein en Poméranie Orientale. Dans quelques heures Jacques Doriot, nommé au grade honorifique de Waffen-Sturmbannführer der SS, sera tué près du lac de Constance dans le mitraillage de sa voiture par des avions britanniques. La position de la division Charlemagne se situe entre la 32e division d’infanterie de la Wehrmacht au nord, et les restes de la 15e division SS lettone au sud. C’est le General Friedrich Hochbaum qui commande à partir de son quartier-général (QG) de Stegers (Rzeczenica, à 14 kilomètres au nord-est de Hammerstein) le XVIIIe Gebirgs-Korps dont dépend la division Charlemagne.

Une fois débarquée à Hammerstein, la division devait se rassembler dans un camp de la Wehrmacht transformé en Stalag. Après réorganisation et perception de l'armement, elle devait rejoindre le front une semaine après.

23 février.

Une partie du régiment 57 est mise en éventail  au sud-est de la ville afin de protéger l’arrivée des unités de la division. Dans la nuit du 23 au 24 février, le commandant du 57 le Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont débarque à son tour, et apprend qu’il doit prendre position à une vingtaine de kilomètres au sud de Hammerstein, près du village de Barkenfelde (Barkowo). Au sud de celui-ci coule la rivière Haaken (Rega), mince rempart dans le dispositif français prévu.

24 février.

Doriot est enterré au cimetière de Mengen. C'est à ce moment que les combats de Poméranie vont commencer. Les Waffen-SS français entrent en campagne dans les pires conditions. Le froid est encore épouvantable en cette deuxième quinzaine de février. Tous les déplacements se font à pied et nul n'a encore idée des positions atteintes par les avant-gardes soviétiques. Les armes lourdes manquent, et pour beaucoup n’arriveront jamais. La division ne bénéficie que de son armement d'instruction, certains possèdent même des munitions en bois !

Le village de Bärenwalde où De Bourmont y installe son poste de commandement.

Parti d’Hammerstein, sous la neige et par de mauvais chemin la division et le régiment 57 du Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont installent leur PC à Bärenwalde (Bincze). Le Waffen Obersturmführer Fenet et son premier bataillon du régiment 57 (I./57) est envoyé vers Heinrichswalde (Uniechow). Le second bataillon du même régiment 57 (II./57), sous les ordres du Waffen Hauptsturmführer Obitz, est dirigé sur Barkenfelde. Marotel : " Nous montons vers Barkenfelde. Nos s.M.G de la 8e compagnie  -toujours commandée par l'Ustuf Colnion- en sommet de colline pour couvrir le bataillon. Les mortiers de l'Unterscharführer Terrel sont en arrière". Vers 15 heures, le II/57 est déjà aux prises avec les Russes qui occupent la ville. Après de durs combats, Barkenfelde est finalement reconquise.

A 19 heures le I./57 lutte pour Heinrichswalde qui est, elle aussi, occupée par les Russes. La troisième compagnie du Waffen-Untersturmführer Counil, 20 ans seulement, atteint le centre de Heinrichswalde mais celui-ci est tué alors que les Waffen-SS français doivent se replier en arrière du village. La seconde compagnie du Waffen-Obersturmführer Bartolomei isolée en couverture au nord-est essuie un terrible tir de barrage d'orgue de Staline, le groupe de combat du Waffen-Unterscharführer Bayle est positionné dans le cimetière et reste bloqué. La compagnie Bartolomei est finalement contactée par le régiment et reçoit l’ordre de rallier en direction de Bärenwalde.  

La liaison entre des différents bataillons et la division Lettonne n'est plus établie. C’est à la tombée de la nuit que les Soviétiques attaquent, et les Français doivent reconstituer une ligne de front au nord du village. Ils sont alors aidés par la compagnie lourde anti-chars, armé de canon de PAK 75 du Panzerjäger-Abt. du Waffen-Obersturmführer Krotoff,

Le petit village de Heinrichswalde avec son lac (vue nord-sud), tels que les hommes de Fenet ont pu le voir.

25 FEVRIER.

 

LE REGIMENT 57 DE DE BOURMONT RECULE. 

 

Les combats des bataillons Fenet et Obitz vont continuer toute la nuit. Au matin du 25 février, devant la poussée des Soviétiques, le Waffen-Hauptsturmführer Obitz décide de se replier de nouveau en arrière de Bärenwalde, ce qui met en péril le dispositif de défense français. La ligne de chemin de fer Stettin/Konitz (Szczecin/Chojnice) marque désormais la position des éléments du régiment 57 de de Bourmont. Marotel : "La 8e compagnie est en position de l'autre côté de la voie ferrée, le long du chemin bordant la forêt. Les mortiers de Terrel sont à peu près juste derrière la gare, les s.M.G un peu plus loin". 

 

Au niveau de l’état-major, le SS-Brigadeführer Krukenberg prend alors définitivement le commandement effectif de la division. Obitz commandant le II./57 est relevé de son commandement.

 

Le PC divisionnaire est installé au nord-est du régiment 57, à Elsenau (Olszanowo). S’y installe en protection la Wach- und Ausbildungskompanie du SS-Obersturmführer Weber dont les hommes doivent rapidement bloquer une attaque massive de chars : pas moins d’une vingtaine seront détruits, au Panzerfaust ou par les tirs d’une pièce de PAK de la Wehrmacht. De nombreux rescapés isolés des combats de Bärenhütte rejoignent la position du PC, mais à la nuit tombée les Soviétiques submergent le point d’appui après de terribles combats au corps-à-corps dans le cimetière du village. Quelques dizaines de survivants, sous le commandement du Waffen-Obersturmführer Fantin vont s’échapper vers le nord, pour rejoindre Gotenhafen (Gdynia) au nord de Danzig. Le SS-Brigadeführer Krukenberg réussit à rejoindre Flötenstein (Koczala, à environ 25 kilomètres au nord de Elsenau), nouveau quartier-général du General Hochbaum. Weber et ses hommes en prennent la direction, en passant par Stegers, ville où se trouvait l’ancien QG.

 

Louis J. Levast : "Ce repli fut extrêmement pénible, nous étions épuisés par une nuit sans sommeil et par la nature du chemin marécageux, sans oublier le mitraillage venant de la route derrière nous, servi par des T-34, accompagné de quelques obus ce fut un miracle que personne ne soit touché, car la fatigue aidant, nous n'avions plus la force de nous coucher et qui plus est de nous relever..."

Le rustique mais redoutable T-34 ici armé d'un canon de 76mm. La compagnie Weber en détruira un certain nombre en combat rapproché.

L’école d'Elsenau, dans laquelle une partie des hommes de Weber prendra ses quartiers. Elle sera détruite par le tir d’un T34, tuant un camarade de Levast. A droite, l’église du village qui existe toujours.

 

L'engagement du régiment 58 du Waffen-Sturmbannführer Raybaud

 

La nuit du 24 au 25 février a vu l’arrivée du premier bataillon du régiment 58 (I./58), commandé par le Waffen-Hauptsturmführer Monneuse. Celui-ci prend position entre les deux bataillons du régiment 57, à la lisière sud des bois de Bärenwalde. Mais les attaques soviétiques bousculent le sud des positions françaises, et force le bataillon à se replier au coté des éléments de de Bourmont. Mises en batterie au niveau de la gare de Bärenwalde, les pièces de PAK de Krotoff et les obusiers de la compagnie lourde du régiment 57 du Waffen-Hauptsturmführer Roy permettent de bloquer les attaques russes une bonne partie de la journée. Mais en début d’après-midi, la ligne de défense sur la ligne de chemin de fer est percée. Les Français doivent se replier sur Bärenhütte (Biernatka) au nord-ouest de Bärenwalde, PC temporaire du régiment 57. L’adjoint de de Bourmont, le Waffen-Obersturmführer Artus, est alors tué en tentant de détruire un T34.

Le Waffen-Sturmbannführer Raybaud débarque à son tour en début de matinée avec le reste du régiment 58, et rejoint Bärenhütte qu’il organise en point d’appui. Les Russes sont partout, et la liaison avec le PC de la division à Elsenau est coupée. Ce sont les pièces de PAK du Waffen-Oberscharführer Gérard qui remplacent celles détruites de Krotoff, mais la position des Français devient intenable et vers minuit le décrochage général vers Hammerstein est décidé. En passant par Geglenfelde (Wyczechy), le Waffen-Obersturmführer Labuze est tué par des Russes embusqués dans le village.

Le I./57 Fenet fait retraite vers Bärenwalde, mais après avoir découvert que le village est aux mains des Soviétiques, il décide de se diriger vers Hammerstein. Subissant les attaques de Sturmoviks, il atteint la ville au soir en récupérant de nombreux isolés des combats.

Marotel est l'un de ces isolés : "Hammerstein...Nous y arrivons pour voir des cadavres de civils et de vieux du Volkssturm qui semblent être tombés à leurs postes à l'entrée du patelin. Nous ne nous arrêtons pas"

Au soir du 25 février, le front n’existe plus. Il n'y a pas de liaison radio entre les unités avec le commandement du secteur, il n’y a pas d’appui d'artillerie, pas d'intervention de blindés, pas de soutien aérien. Même la liaison avec les autres unités du secteur, qui devrait être tenu par des volontaires lettons de la Waffen-SS, s'avère vite impossible : la plupart des unités baltes, sévèrement étrillées, sont en pleine retraite et doivent elles aussi se reconstituer en arrière des troupes françaises.

26 février.

Puaud et ses trois mille hommes parviennent à s'échapper de Barenhütte et retrouvent le bataillon Fenet à Hammerstein puis repartent ensemble sur Neustettin, 20 kilomètres à l'ouest. Dans cette ville  le Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre, le Waffen-Untersturmführer Fayard qui commande la Flak ainsi qu'une centaine de soldats français s'y trouvent, principalement des éléments du II./58. A la gare de Neustettin gare passent des trains de blessés notamment celui des Français. Les canons sont arrivés en même temps que Bassompierre mais les servants sont encore en route, de Bohême-Moravie ! La compagnie de Flak, armée de ses 9 pièces de 37 entre aussitôt en action.

La division "Charlemagne" compte environ à ce jour 500 morts et 1000 disparus sans parler des blessés.

27 février.

Les Français partent en direction de Belgard (Bialogard) à 80 kilomètres de Neustettin pour une réorganisation, les Russes étant aux portes de la ville.

Waffen-Unterscharführer André Bayle : "soit plus de 50 km à effectuer dans les conditions les plus difficiles, sans nourriture, sans eau. Nombreux sont ceux qui s'effondreront d'épuisement, complètement vidés d'énergie. D'autres assez rares, préfèrent renoncer et se mettre en civil, tels ces deux ex-miliciens qui me disent qu'ils veulent me quitter. Ce que je leur accorde, mais en conservant leurs armes. Je les retrouverai morts, au milieu d'autres cadavres de civils, dans un wagon mitraillé" 

Tôt le matin, La gare est attaquée par les soviétiques, quelques Français qui venaient à peine d'embarquer sur le convoi avec hommes et matériel, se battent au corps à corps mais arrivent à décrocher. Marotel : "Réveil en fanfare ! la stridente déchirure des M.G., le fracas de l'artillerie. Serait-ce le début de la fameuse contre-offensive ? ça tire de partout! Autour de moi, les SS, déjà harnachés de pied en cape sortent en courant". Le train blindé qui emmène les obusiers de la division passe par Bublitz et Köslin (Bobolice et Koszalin) et débarque le matériel à Kolberg qui servira à la défense de la ville.

Malgré tout à la demande du colonel Kopp en charge de la défense de Neustettin des Français ont été rassemblés pour constituer un bataillon de marche de 250 hommes placés sous les ordres d'un militant PPF et officier d'ordonnance de la division, le Waffen-Obersturmführer Auphan.  Le bataillon composé de la compagnie Flak Fayard, la 4ème compagnie de Tardan et la compagnie de chasseurs de chars du Waffen-Oberscharführer Girard. Ces 250 hommes doivent défendre une zone de 1200 mètres de long. Les combats seront rudes mais les bataillons avec ses alliés de la Wehrmacht tiendront toute la journée. Le Waffen-Obersturmführer Auphan et ses hommes décrochent vers Bärwalde puis finalement vers Körlin. Encore une fois des Croix de fer seront distribuées mais ils devront faire de nombreux détours pour y arriver.

La division "Charlemagne" arrive à Bad Polzin (Polczyn Zdröj) à pied et se dirige vers la mer Baltique, direction Kolberg (kolobrzeg). Ranque : "Les gens, ici, ne croient pas à l'arrivée des Russes; ils ne s'en font pas, croyant sans doute à la victoire". Soixante-douze kilomètres vont être parcourus en vingt-quatre heures. La route est glacée. Le vent souffle et les rafales de neiges fouettent les hommes surchargés de matériel. Du matériel est abandonné sur la route, des Waffen-SS Lettons les récupéreront pour leur propre compte. La colonne française est mitraillée par l'aviation Russe et Polonaise. Le Waffen-Oberführer Puaud rassure et encourage ses hommes.

Le village de Bärenwalde (vue sud-nord). Le village de Bärenhütte est situé en haut à l’extrémité gauche du coin de la photographie. Elsenau, PC de la division, est situé dans le coin opposé. La ligne de chemin de fer Stettin/Konitz passe horizontalement de l’ouest vers l’est au niveau de la lisière noire de la forêt. Le passage à niveau et la gare se trouvent au croisement de la lisière et de la route en diagonale qui part de Bärenwalde pour rejoindre Bärenhütte.

Le Waffen-Obersturmführer Fenet et son bataillon fait retraite vers Bärenwalde alors que le village est déjà aux mains des Soviétiques. Lui et ses hommes partent alors vers Hammerstein.

Auphan sous l'uniforme de la LVF. 

Michel Auphan, né le 21 avril 1920. Instructeur des aviateurs polonais en 39/40. Membre du PPF de Jacques Doriot, il s'engage à la LVF dès 1941 où il devient lieutenant en 1943. 1945, Il est capturé en Poméranie puis part en captivité en Russie au camp de Tambow. Rapatrié en France, il est condamné à 20 ans de travaux forcés.

 

Les soviétiques s'emparent de Neustettin. Le bataillon de marche du Waffen-Obersturmführer Auphan quitte la ville par la route et la voie de chemin de fer.

Neustettin vue du ciel en 1931. 250 Français resteront dans la ville pour protéger la retraite des troupes de l'Axe dont la division "Charlemagne".

LES CARTES.

Carte des premiers combats en Poméranie, du 22 au 27 février 1945.   

Zone des combats de la division Charlemagne (24-26 février). Les traits rouges soulignent les principaux villages cités. En bleu foncé les quelques lacs proches des positions françaises. En bleu clair la rivière Haaken. En orange pointillé la ligne de chemin de fer Stettin/Konitz. En orange la gare de Hammerstein (débarquement des unités) et la gare et le passage à niveau du village de Bärenwalde (zone de défense le 25 février). Chaque longueur de la zone quadrillée de la carte représente 10 kilomètres. A titre de comparaison, les 4500 Français de la Charlemagne auraient eu à tenir une ligne de front allant du quartier de la Défense à la Pyramide du Louvre de Paris.

Neustettin (Szczecinek) se trouve à 15 kilomètres à gauche de Hammerstein en suivant la ligne de chemin de fer. Toujours en suivant la ligne de chemin de fer sur une trentaine de kilomètres mais cette fois par la droite, se trouve Schlochau (Czuchow) la capitale régionale. Stegers (Rzeczenica) se trouve à 8 kilomètres au nord de Elsenau.

L’itinéraire de la montée au front (24 février) du bataillon Fenet est indiqué en rose foncé. L’itinéraire du décrochage le jour suivant se rapproche de la ligne de chemin de fer Stettin – Konitz pour aboutir à Hammerstein.

L’itinéraire violet représente la principale route utilisée par le reste de la division Charlemagne : montée au front du bataillon Obitz jusqu’à Barkenfelde le 24 février, le lendemain résistance à Bärenwalde puis près de sa gare, quelques heures après résistance à Bärenhütte puis retraite vers Geglenfelde puis Hammerstein. La position initiale du bataillon Monneuse est située dans les bois au sud-est de Bärenwalde. Le PC de la division ainsi  que la compagnie d’honneur de Weber suivront Krukenberg à Elsenau, puis feront mouvement vers le nord avec des rescapés isolés des combats de

Carte de la retraite de la division jusqu'à Körlin  

 

La carte de la retraite du gros de la "Charlemagne". Celle-ci passe par Neustettin-Bärwalde-Bad Polzin pour finalement se reconstituer à Sternkrug et Boissin.  Certaines unités isolées des combats à l'est de Neustettin remontent au nord-est direction Danzig, d'autres comme l'unité de Flak et la compagnie Tardan restent à assurer la retraite de la division en combattant à Neustettin. Si la compagnie Tardan parvient à retrouver la division en passant par Bad-Polzin et Belgard, la Flak de Fayard suivra pour sa part la ligne de chemin de fer.      

Carte de l'OKH et situant le front en Poméranie. Le 26-02-1945, la Division Charlemagne, ici sous l'appellation de "Rste. SS.FRW BR Charlemagne" est située aux alentours de Köslin. La réalité est toute autre puisque les hommes de Puaud font retraite vers Neustettin puis Bad-Polzin. Krukenberg se rendant pour sa part à Köslin dans l'espoir de reconstituer la division. La ligne de front étant définitivement trop proche, la division se reconstituera à Sternkrug-Boissin.    

Vue aérienne de Körlin lorsque celle-ci était allemande

1 - Le pont par où arrive une grosse partie de la division, le bataillon Fenet est resté cantonné du côté de Redlin. Ce pont est placé sous la surveillance de l'auteur bien connu Christian de la Mazière, qui deviendra l'agent et amant de la chanteuse Dalida.

2 - Le PC du Waffen-Sturmbannführer Emile Raybaud qui deviendra par la suite celui de jean Bassompierre, Waffen-Haupsturmführer. Le PC est aménagé dans la mairie.

3 - L'église Sankt Mickael où se cachent des francs-tireurs Polonais mais aussi Français, des anciens prisonniers de guerre, un stalag se trouvant à proximité de la ville.

4 - Endroit où Emile Raybaud, Kampfkommandant de Körlin est grièvement blessé par un tir de char soviétique. Dans cette rue, la Schlosstrasse littéralement la "rue du château", le manoir est mitraillé par les Russes qui pensent sans doute qu'il s'agit d'un point d'observation important.

 

Journées du 1 et 2 mars.

Ils arrivent en vue de Belgard (Bialogard), Christian de la Mazière : "Nous n'avions que peu de choses avec nous. De même que l'armement, le ravitaillement étaient demeuré à Hammerstein"..."Accompagné de quelques-uns de mes hommes,  je décide, pour ma part, de faire une descente à Belgard. Nous sommes bien accueillis par les quelques civils qui restent".

L'Inspektion allemande s'établit dans une grosse maison à Boissin (9 km au sud de Belgard). Le Waffen-Oberführer Puaud s'établit pour sa part à Kowanz, à l'ouest de Körlin. Le reste de la division se réorganise dans une plaine gelée près du hameau de Sternkrug. Les hommes fatigués dorment à même le sol, dans les fossés. Les plus chanceux ont gardé leurs toiles de tente.

La division est constituée d'un Régiment de Marche (R.M) aux ordres du Waffen-Sturmbannführer Raybaud comprenant deux bataillons : Fenet qui est nommé Waffen-Hauptsturmführer et Bassompierre. Un régiment de Réserve (R.R) aux ordres du Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont. Enfin le PC divisionnaire s'installe au château de Kerstin. La réorganisation plutôt rapide est assez anarchique, la cohésion, les affinités sont détruites. Un bataillon entier, le II./58 est affecté au Régiment de Réserve alors qu'il n'a pas encore combattu !     

L'ordre arrive, la division doit prendre position autour de Körlin, le Régiment de Marche doit tenir la ville. Le Régiment de Réserve, un peu plus au nord, doit s'établir le long de la rivière Persante. L'axe principale menant jusqu'à Kolberg doit rester ouvert pour permettre l'évacuation  des civils et des forces allemandes. De la Mazière : " Nous emportions un maximum d'armement léger. Les fusils et les sturmgewher battaient notre poitrine, nous faisaient ployer le cou. Le plus pesant, c'étaient les mitrailleuses MG 42 qui, avec leurs bandes, faisaient tout de même vingt kilos."

3 mars.

Le bataillon du Waffen-Hauptsturmführer Bisiau arrive de Greifenbeg (Gryfice) et vient gonfler les effectifs du Régiment de Marche. Le PC est situé sur la place principale, certainement la mairie. En fin de soirée les Russes approchent du flanc ouest de la division, des troupes sont signalées en direction de Kolberg. Le PC déménage une nouvelle fois et s'installe à Körlin même.

4 mars.

A 2 heures du matin, les blindés soviétiques qui montent vers Kolberg atteignent Gross Jestin, gros village situé sur la route Schievelbein à Kolberg (à l'extrémité ouest du dispositif de la division Charlemagne). Sur les lieux, il n'y a qu'une seule compagnie de combat venu en renfort de Greifenberg; toutes les autres unités étaient composées de gens de service. Le Waffen-Rottenführer Sourlat : "Je vis en quelques secondes, un spectacle plutôt cocasse : les premiers de chez nous, levant les bras, faisant face à quelques soldats ennemis dans la même position ! Bien sûr, l'épisode fut très court Le feu fût ouvert de part et d'autre, bien plus nourri en face que chez nous grâce au nombre d'armes automatiques présentes." Les Français parviennent en partie à s'échapper. Une colonne motorisée d’environ 200 hommes commandé par SS-Sturmbannführer Katzian prend la direction de l’Oder. Une partie des blindés de cette même unité, la 45e brigade du 11e corps Blindé de la Garde, se dirige dorénavant sur Körlin. Des unités soviétiques venant de Bad Polzin sont aussi signalées. La division est donc menacée à l'ouest et au sud. "Vraiment, ça commençait à sentir mauvais. Il ne restait plus qu'un mince couloir, au nord-ouest, du côté de l'Etat-Major de Krukenberg."

Vers 12h00, le Kampfkommandant Raybaud se dirige vers le pont sur la Persante à la sortie ouest de la ville, sur la route menant à Stettin. Son intention était de rappeler aux pionniers de ne pas le détruire précipitamment. Le Waffen-Sturmbannführer Raybaud : «  Lorsque je me trouvais aux abords du pont, les blindés étaient seulement visibles à la jumelle, à deux kilomètres au moins de distance, ils ne pouvaient être valablement identifiés, les avant-postes installés à 500 mètres sur un mouvement de terrain en avant du pont étaient toujours en place, je les savais toujours là, avant qu’un obus éclatât dans la rue conduisant au pont ». Il est gravement touché aux jambes et remplacé par le Waffen-Hauptsturmführer de Perricot. De la Mazière : " Les soviétiques, maintenant, arrivent en force. Ils avaient commencé, à l'est, par tester nos défenses : elles tenaient solidement. On pressent désormais qu'ils attaqueront par le sud-est. Les défenseurs de Belgard, nous venions de l'apprendre, avaient cédé. Les français, qui y combattaient aux côtés des allemands, se repliaient vers Stettin, ils ne viendraient pas nous renforcer"

L'infanterie soviétique franchit la Persante mais le I./RM du Waffen-Obersturmführer Fenet contre-attaque (PC à Redlin). Les Russes reculent jusqu'aux lisières de la ville, aux abords des forêts.

Dans la soirée la division reçoit l'autorisation de se replier. Le général von Tettau dispose encore d'environ 10.000 hommes (Charlemagne comprise) qui doivent percer à l'Ouest. Le Général Rauss ordonne à la Charlemagne de se regrouper près de Greifenberg, objectif : établir une nouvelle ligne de front. Le décrochage doit s'effectuer vers Belgard qui, grâce au sacrifice d'un bataillon du Korpsgruppe Munzel, tient encore.

Le I./RM Fenet part avec l'Inspektion dont le SS-Brigadeführer Krukenberg qui mène lui-même la direction. Le Régiment de Réserve du Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont avec le Waffen-Oberführer Puaud et son état-major décrochent en second. Le II./RM du Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre doit constituer l'arrière garde. Enfin le Waffen-Hauptsturmführer Remy formera l'arrière garde de l'arrière garde et seront donc les derniers éléments de la division à décrocher.

5 mars

Entre 1 heure et 2 heure du matin, les hommes du bataillon Fenet arrivent devant Belgard. Il fait clair comme en plein jour. La ville brûle partiellement. Les allemands de la Wehrmacht qui défendent cette cité paisible transformée en place forte en sont maintenant au corps-à-corps. Les rues sont encombrées de cadavres et de véhicules abandonnés, sur qui les maisons s'écroulent. Guidé par le SS-Brigadeführer Krukenberg, le bataillon Fenet poursuit sa route au sud-est, là où les couverts sont silencieux et profonds...direction le dépôt de Greifenberg. Derrière eux, les trois autres bataillons ne tardent pas à les suivre.

Le Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre lorsqu'il était en Russie sous l'uniforme de la LVF.

L'église de Körlin où se cachent quelques francs-tireurs Polonais et Français d'un stalag. A droite sur la photo, presque invisible, la mairie qui sert de PC au Waffen-Sturmbannführer Raybaud.

Le Waffen-Sturmbannführer Raybaud lorsqu'il était professeur tactique à Uriage. Il est grièvement blessé à Körlin et évacué sur Kolberg.

"Entre le débarquement de la division en gare d'Hammerstein et le 5 mars 1945, les pertes de la division s'élevaient à 600-700 hommes". Témoignage de Jean Marie de Vaugelas

Fin du Régiment de Réserve (RR)

Vers 1 heure du matin, le Waffen-Oberführer Puaud décide enfin de rattraper l'avant garde mais dès le départ de Körlin, le régiment de réserve prend un retard considérable. Ils sont plus de deux milles hommes qui piétinent dans la neige fondue que des gradés essaient de former par sections et compagnies. Le moral n'y est plus.

Le Régiment de Réserve contourne Belgard, certains pénètrent dans la ville en éclaireur mais rebroussent vite chemin, les Français négligent les forêts. Les hommes du Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont profitent du brouillard pour traverser une énorme plaine vallonnée. Le brouillard pourtant épais se dissipe très vite, ils sont encerclés de partout ! La colonne de Bourmont est anéantie peu après 8 heures du matin, sans munitions par une formation russe armée de fantassins, de tanks et d'artillerie lourdes. Le Waffen-Oberführer Puaud blessé à la jambe ainsi que le Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont disparaissent, morts.

Un survivant du massacre : "Quelques trois mille hommes, se trouvaient par un matin froid et pluvieux dans une forêt de pins, près de Belgard. Au lever du jour, notre groupe s'engagea dans une plaine couverte de neige. Les hommes harassés marchaient en files espacées d'une quinzaine de mètres. On s'apercevait à peine, à cause du brouillard et de la neige qui tombait dru. Elle cessa soudain, et le soleil apparut, chassant la brume. Aussitôt retentit un tapage infernal, se déclenchant à chaque extrémité de la forêt : les Russes étaient là. Pris entre deux feux, les soldats tombaient ou tentaient de fuir, qui en arrière, qui en avant. Des officiers essayèrent de rassembler leurs troupes, mais ils tombèrent eux aussi...Les tirs russes se concentrèrent rapidement sur nous. Fusils, mitrailleuses, canons légers, canons lourds, mortiers nous prenaient pour cible, la neige volait, déchirée et noircie par les explosions. Trop fatigués pour courir, trop énervés pour nous coucher, nous marchions sans cesser de tirer, nous relayant pour porter la mitrailleuse et l'approvisionner...Peu à peu les tirs se firent moins denses, et nous avons pu atteindre l'orée de la forêt. En me retournant, je vis que la plaine, blanche quelques instants plus tôt, était devenue noire. Des chars ennemis et des troupes à pied la sillonnaient achevant les blessés."

Le SS-Brigadeführer Krukenberg : "Je suis parti avec le bataillon d'avant-garde, celui que commandait le Hauptsturmführer Fenet, un de nos meilleurs officiers, qui s'était déjà distingué en Galicie et devait commander les Français à Berlin. J'avais dit aux autres, restés sous le commandement de Puaud : "Marchez la nuit mais cachez-vous le jour dans les forêts." Ils ont fait le contraire ! Alors nous sommes passés à quinze cents sur six mille..."

Jacques C, grenadier au R.R " Il est faux de dire que Puaud nous a fait marcher à découvert alors qu'il fallait se dissimuler. En fait, Körlin se trouve dans la plaine et il fallait faire au moins une dizaine de kilomètres pour trouver une forêt de quelque importance. Le fait qu'il nous ait fait quitter la ville à l'aube en profitant du brouillard prouve parfaitement ce qu'il faisait. En fait, le drame s'est joué lorsque nous avons atteint les bois. Ceux-ci n'étaient pas vides comme nous le pensions, ils dissimulaient un détachement blindé. Ces blindés sont alors sortis du bois et l'ont encerclé. Nous étions totalement désarmés, certains sans armes, tous sans munitions. Toute résistance était impossible".

La surprise semble effectivement venir des bois, un autre témoignage : " Après avoir contourné Belgard, nous arrivons au trop grand jour dans un bois où à peine installés nous recevons des obus. Débandade des hommes et chevaux sur un plateau où canons, chars, mitrailleuses tirent trop haut exprès, Dieu merci."     

Le Waffen-Obersturmführer Multrier, chef de la défense passive de la division : " Le général Puaud, blessé à la jambe, se trainait péniblement sur la route. Un sous-officier français le rencontre et l'installe sur le siège d'une motocyclette. Mais ils sont attaqués par des tireurs russes. le général Puaud est à nouveau blessé. Trop grièvement pour continuer la route. Approchant de Greifenberg, le sous-officier dépose son chef dans un hôtel et l'installe dans une salle du rez-de-chaussée, où se trouvent déjà d'autres blessés. Puis il s'éloigne à pied. ce sous-officier reviendra le lendemain, en civil, alors que les Russes se sont emparés de la ville. Il constate alors que la salle du rez-de-chaussée de l'hôtel où il a déposé le général Puaud est vide. mais que le sol et les murs sont tachés de sang."

Fin du IIe Bataillon de Marche (II./RM) assurant la retraite de la division.

Le II./RM du Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre tient encore Körlin. "Six heures, douze heures, vingt-quatre heures...on tenait toujours." mais "Le soir tombé, cependant, nous avons compris que la fin approchait. Les Russes, qui attaquaient de tous les côtés à la fois, nous réduiraient le lendemain. Notre effectif avait subi une lourde saignée: de sept cent cinquante, nous n'étions plus, environ, que trois cent cinquante". Le bataillon s'échappe par la voie ferrée à l'est de la ville. Les Russes sont partout, à la lisière des forêts, sur les grands axes. Le bataillon est rapidement dispersé, anéanti malgré toute l'énergie et le courage des hommes. Le Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre est capturé par les Russes le 17 mars. Il est successivement interné à Arnwalde, Posen, Walka en Estonie puis Tabs près de Leningrad, Sigeht en Roumanie puis enfin en avril 1946 à St Florentin en Autriche. 

Robert B.. du Bataillon Bassompierre raconte sa tentative de percée : "Je n'ai jamais perdu l'espoir; nous y étions encouragés par les bruits de combat, lointains pour certains, que nous percevions fort bien : Dantzig, au nord, Kolberg à l'ouest, d'autres secteurs à l'est. A la longue, un certain vide dans la tête, une faiblesse croissante mais un vouloir-vivre toujours présent." 

Soldats du II./RM Bassompierre capturés après la tentative de percée, entre Kolberg et Alt-Bork . On remarque deux Waffen-Untersharführer dépouillés de leurs manteaux, certainement pour la photo et la nécessité de montrer les runes SS (photo Jozef Rybicki)

La carte de la Percée du I./RM et de L'Inspektion allemande, effectuée du 04 mars à 23 heures au 13 mars 1945 au soir. Le trajet entre Belgard et Falkenberg n'est pas établi car il n'est pas connu avec certitude. Il n'est pas possible non plus de faire un tracé continu, le bataillon ayant pris des chemins, traversé des forêts et des plaines. Les croix représentent les villages où les Français sont passés. Les carrés avec croix, là où ils se sont battus pour se frayer un chemin.

5 mars 1945

Le bataillon de marche "Fenet" passe à l'ouest de Belgard, la ville résiste encore mais les Français ne s'attardent pas. Ils dépassent le village de Denzin puis approche de Boissin. Il faut à tout prix éviter Standemin qui semble déjà aux mains des Russes. Le bataillon doit suivre le cours de la Persante et surtout éviter l'accrochage. Avec le levé du jour , le I./RM quitte les routes pour s'enfoncer dans les forêts. Des postes de surveillances sont disposés, les hommes peuvent dorénavant faire une pause. Des patrouilles sont envoyés en avant garde, ils vont reconnaître les chemins, se renseigner auprès des paysans, savoir où sont les Russes. Les nouvelles ne sont pas bonnes, les soviétiques occupent les routes et des soldats à cheval sont signalés dans les sentiers forestiers.

La colonne reprend sa marche, si la route Rambin-Belgard est gardée, les Français trouve par chance une faille dans le dispositif ennemi. Des MG42 sont mises en batterie et le bataillon parvient à passer la route sans dommage. Dans l'après-midi, l'avant-garde du bataillon retrouve des éléments isolés de la section de transmissions et de pionniers du régiment 58 , unité sous le commandement du Waffen-Untersturmführer Laune.

La nuit approche, Stolzenberg est contourné, les Russes l'occupent bruyamment à coup de rafales d'armes automatiques, de cris et de musique. L'alcool est célébré. Le village de Falkenberg est traversé, les Français constatent des carcasses de chars, des cadavres Russes et Allemands.

6 mars 1945

Schlenzig, il est 4h00 du matin lorsque le bataillon fait une pause de trois heures. Ils repartent vers 8h00 du matin mais rapidement les paysans renseignent le SS-Brigadeführer Krukenberg, "Greifenberg est encerclé !". L'objectif de rejoindre le dépôt de la division semble irréalisable. La colonne repart en direction de Petersfelde, le village est parsemé de drapeaux blancs. Meseritz est atteint dans la nuit, le bataillon fait enfin jonction avec des éléments du corps d'armée du général Munzel. Les Français cantonnent dans le parc du château.

Vue aérienne de Meseritz. Henri Fenet se voit remettre la Croix de Fer de 1re Classe.

Le Waffen-Obersturmführer Fenet se voit remettre la croix de Fer  de 1re classe. Le bataillon est réorganisé en quatre compagnies de marche, soit 700 à 800 hommes au total.

7 mars 1945

Tôt le matin, le I./RM se remet en marche et atteint Pinnow puis Nabelfitz. La contre-attaque sur Greifenberg étant définitivement annulée, Cammin est le nouvel objectif à atteindre. Le bataillon arrive au village de Wendisch-Pribbernow dans la soirée. La météo ne s'arrange pas, en plus du froid un mélange de pluie et de neige s'abat sur les épaules.

8 mars 1945

Encore une fois les nouvelles tombent : Cammin est déjà aux mains des Russes ! L'objectif est une nouvelle fois modifié, il s'agit purement et simplement d'atteindre la baltique qui est toujours sous la protection de la Kriegsmarine. Les Russes tiennent les carrefours et les villages, la bataillon n'a plus le choix : il faut forcer le passage à Gorke et Woedtke. Violents combats, des blessés, des morts, des explosions et crépitements de Mitrailleuse mais la colonne française passe. Le I./RM atteint Zappen tard dans la nuit. Les Français s'y établissent pour la nuit, les maisons sont réquisitionnées.

9 mars 1945        

La colonne repart dans sa longue et épuisante marche. En fin de soirée la baltique, avec ses bateaux de guerre, est en vue. les Français cantonnent au petit port de pêche de Horst. Le général von Tettau a réussi à établir une tête de pont le long de la Baltique avec les Division "Holstein", "Pommernland", la  15e division SS Lettone et I./RM de la Charlemagne. Les soviétiques renforcent leurs troupes pour anéantir le groupe de von Tettau et édifient des verrous de défenses face aux tentatives de percée vers l'ouest.

Le Panzerschiff Admiral Scheer appuie efficacement les troupes qui tentent la percée. Ce magnifique bateau sera détruit le 9 avril 1945, lors d'un bombardement sur Kiel.

11 mars 1945

Une fois de plus le bataillon ainsi qu'une partie du groupe von Tettau sont menacés d'encerclement. Toutes les forces disponibles coordonnent leurs forces pour une percée vers l'ouest, le long de la Baltique. Le I./RM est divisé en deux : une avant-garde et une arrière-garde, entre les deux, 10.000 réfugiés civils. Les Français et les autres divisions sont aidés par deux bateaux de la Kriegsmarine, le Panzerschiff Admiral Scheer et le torpilleur "T 33". L'artillerie marine de l'île de Wollin appuie de ses canons la percée. Cet appui d'artillerie a l'ordre de pilonner le haut des falaises où se trouvent les Russes mais aussi quelques points de résistance sur la plage. C'est un bataillon de fusiliers de la Panzerdivision "Holstein" et le régiment d'élèves officiers de Gross Born qui à la mission d'ouvrir la marche aux civils protégés par les Français du I./RM. 

Le Waffen-Hauptsturmführer Roy avec quelques Tiger et Panther de diverses divisions tiendront tant bien que mal le haut des falaises, des parachutistes l'aideront notamment dans sa tâche. Les combats sont redoutables, le plus souvent à l'arme blanche, au corps à corps. Durant la percée le Waffen-SS Foucault du Plessis Robinson dans les Hauts-de-Seine perd la vie, son corps n'est retrouvé que 60 ans plus tard.

12 mars.

Dievenow est enfin en vue. Le I./RM et l'Inspektion allemande franchissent l'Oder sur quelques bateaux et arrivent enfin à Korlzow sur l'île de Wollin, puis le lendemain à Swinemünde, la veille, la ville a subit une attaque aérienne faisant plus de 20.000 morts. La campagne sanglante de Poméranie vient de se terminer. Le même jour à midi, le communiqué de guerre de la Wehrmacht publie le compte rendu suivant "...Sur la côte de la Baltique, dans la tête de pont de Dievenow, un important groupe de force armées allemandes, a opposé une résistance acharnée sans esprit de recul à de très importantes forces soviétiques..". Les restes de 5 divisions ainsi que plus de 10.000 civils viennent de se libérer de l'étau soviétique.

Le médecin du I./RM, Anneshaensel, est gravement blessé sur la plage lors de la percée de Dievenow. Il est porté disparu.

Gilbert Gilles, décédé en 2010. Prisonnier de guerre en Stalag est volontaire en 1944. Il est blessé aux jambes lors de la percée de Dievenow et est évacué.  

Erkennungsmarke retrouvée en Poméranie et appartenant à un Français de la Waffen SS. Différente de celle d'un volontaire de la LVF on peut penser qu'il s'agissait d'un ancien de la Sturmbrigade.

 

SS-Sturmbannführer Karl Auer commandant la  I./SS-Polizei-Panzergrenadier-Regiment 8. Ici avec le grade de SS-Haupsturmführer

SS-Obersturmbannführer Otto Prager commandant le RGT 7 de la Polizei. Ici avec le grade de SS-Sturmbannführer

Waffen-Hauptsturmführer Martin lorsqu'il était sous-lieutenant du IIIe Bataillon LVF en 1942. Après de durs combats défensifs, il arrive à évacuer le reste de son bataillon par voie de mer en direction du Danemark.

Waffen-Hauptsturmführer Obitz, commandeur du II/57. Ancien officier de la LVF il est blessé à Stolp et disparait en mer lors de son évacuation sanitaire.

 

Si Joukov et le 1er Front de Biélorussie continue sa progression vers l'ouest, après avoir laissé la prise de Kolberg aux forces polonaises, Rokossovski et le 2e Front de Bielorussie poursuivent la lutte vers l'est, en longeant la Baltique, l'encerclement de Gotenhafen-Danzig. Le chemin fut vite parcouru; de Kolberg-Köslin à la baie de Danzig, Rokossovski ne mit que dix jours. Malgré tous les soviétiques épuisés par les combats ne peuvent lancer l'assaut final contre la poche, le général soviétique Batov "Nos divisions ne disposaient que de 40% de leurs effectifs. Nous faisions ratisser nos hôpitaux de campagne pour inciter les blessés légers à reprendre le combat."

Les français du Bataillon Martin

POur ce chapitre nous lirons : Mourir à Dantzig de Jean Mabire

Le 27 février 1945, suite aux combats de Barenwald et Elsenau quelques isolés de la Division Charlemagne ne peuvent participer au regroupement sur Neustettin et sont rejetés sur la grande poche de Danzig. Beaucoup de ces hommes appartiennent à la 1ère compagnie du régiment 58 sous le commandement du Waffen-Obersturmführer Fantin, des anciens de la LVF et du 2ème bataillon du régiment 57 du Waffen-Hauptsturmführer Obitz. A Schlawe (Sławno) ils retrouvent le Waffen-Hauptsturmführer Martin qui, avec ses hommes, vient juste de débarquer d'un train venant de Josefstadt en Bohème.

Le Waffen-Hauptsturmführer Obitz rassemble environ 300 hommes de son bataillon auxquels se joignent une centaine d'artilleurs, conduits par le Waffen-Hauptsturmführer Martin. Ils sont maintenant environ 500 Waffen-SS français.

Le 4 mars 1945, ils forment donc une Kampfgruppe mise à la disposition de la 4. SS-Polizei-Pz.Gren.Division.  Le 5 mars, le train qui embarque les Français arrive en gare de Stolp (Słupsk). Un chasseur-bombardier Sturmovik passe alors à l'attaque, le résultat est désastreux : 50 hommes sont tués, dont le Waffen-Untersturmführer Colnion commandant la 8/57.  Obitz est gravement blessé par cette attaque, le 12 mars il est évacué par mer du port de Gotenhafen (Gdynia) mais son bateau est torpillé par un sous-marin, il trouve la mort avec l'équipage et les passagers. Le Waffen-Hauptsturmführer Martin prend aussitôt le commandement et forme un Erzatz-bataillon à trois compagnies de 120 hommes chacune.

Le 6 mars, le bataillon Martin arrive à Neustadt, toujours en train. Ils occupent des positions défensives, dans la région au nord de la ville, dans trois villages. Une quarantaine d'autres Français isolés après les combats d’Elsenau les rejoignent. Les soviétiques qui ne peuvent prendre tout de suite Neustadt décident de contourner la ville vers le nord, sur les Français.

Le 7 mars, l'armée rouge passent à l'attaque. 1/3 des français succombent aux attaques des chars. Les survivants tentent de se replier vers l'est, sur Danzig guidés par la lumière des phares. Les Français rejoignent enfin la ville après avoir été encerclés. Par méprise les Allemands assurant la route principale Danzig-Hela leur tirent dessus aux canons de Pak.

Cantonnée dans une école, l'unité française est encore forte de 250/300 hommes mais si les 2/3 sont encore valides, seul 1/3 ont encore des armes ! Ils sont épouillés puis rééquipés. Ils prennent un peu de repos dans des logements.   

le 20 mars, le bataillon Martin remonte en ligne en direction d'un terrain d'aviation dans la région de Gotenhafen. Ils sont avec des Hongrois, Lettons, Italiens, Hollandais...tous Waffen SS. Les Français ne comptent que 2 compagnies. Ce bataillon est disposé en défense derrière les troupes allemandes et lettones.

le 31 mars, les Russes sont face aux Français après avoir enfoncé les deux premières lignes. Le 1 avril, les T34 entrent en action mais ils sont écrasés par les canons de 88 et trois blindés type Tiger.  Les Russes repassent à l'attaque mais cette fois-ci les positions du bataillon sont enfoncées. Une centaine de français périssent, le bataillon est disloqué.

L'ordre de repli est arrivé. Le 2 avril, les survivants sont transportés par mer dans la presqu'île de Hela où s'entassent près de 480 000 personnes. Ils rejoignent le 5 avril Copenhague au Danemark. Dans la soirée même ils prennent un train pour Hambourg. Ils finissent finalement par rejoindre le reste de la division à Neustrelitz, le 10 avril 1945. Ils ne sont plus qu'une centaine.

Mémorial des combats de Gotenhafen représenté par un char soviétique type T-34/85.

Une rue de Gotenhafen. Sur la façade de cette maison qui a connu les combats nous voyons une multitude d'impact de petit calibre qui est la preuve d'une certaine résistance. Plus intéressant encore, la flèche faite à la peinture blanche indiquant l'accès à un abri, la maison en question.

 

Le 4 mars, les chars soviétiques de la 45ème Brigade blindée de la 1ère Armée de la Garde du Général Katoutov sont aux portes de Kolberg. Devant la résistance des forces allemandes, les Russes se retirent en laissant une seule division d'infanterie (la 272e) et ordonnent aux deux divisions polonaises du Général de Brigade Karakoz de prendre la ville, elles seront renforcées à partir du 12 mars 1945. Si les Polonais ont la charge de prendre Kolberg il faut savoir que tous les officiers du grade de commandant et au-dessus sont des officiers de l'Armée Rouge sous uniformes polonais. 

Le port forteresse de Kolberg est situé sur la côte Baltique à 150 km à l'ouest de Danzig. La ville qui en temps normal compte 35 000 habitants est encombrée de 50 000 réfugiés, qui, venant de Danzig et de l'est, espèrent gagner Stettin par train ou bateau. Ces réfugiés, femmes, enfants, vieillards vivent sur les charrettes, stationnées dans la rue, ou sur les bancs des églises. Les derniers trains partent de Kolberg le 7 mars, les derniers bateaux le 18 mars. Près de 128 582 réfugiés purent embarquer vers l'ouest.

Les Français de la compagnie Ludwig.

POur ce chapitre nous lirons : "La longue marche" d'Emil Marotel (éditions Artic) ainsi que "Kolberg !" de Henri Mounine (Editions de l'Homme Libre). 

La compagnie de marche du SS-Obersturmführer Ludwig appartenant au bataillon de renfort du Waffen-Haupsturmführer Bisiau est partie quelques plus tôt de Greifenberg  pour renforcer la division à Körlin. La compagnie Ludwig ainsi que des centaines d'isolés du Régiment de Reserve de la division se retrouvent à Kolberg depuis l'effondrement des positions tenues sur les bord de la Persante. Les témoignages sont tirés du livre d'Emile Marotel.   

Emile Marotel : " Plus nous approchons de Kolberg, plus il y a de cadavres le long de la route, allemands et russes fraternellement mêlés. Certains sont empilés comme des planches. Mais la plupart sont restés comme ils sont tombés."

Depuis le 4 mars quelques Français isolés tentent de rejoindre le port sur la Baltique, ils sont près de 500 mais 300 ne sont plus en état physique ou psychologique de se battre. Pour la défense de Kolberg, les Français de la division "Charlemagne" forment alors une compagnie de 200 hommes sous les ordres du SS-Untersturmführer Ludwig, un ancien de la LVF et un autre SS-Untersturmführer, Büeler de nationalité suisse. Cette compagnie est regroupée au sein du Bataillon de Marche du Leutnant der reserve Alfred Hempel, qui comporte au final 5 compagnies. Ce bataillon Hempel va renforcer le bataillon de Marche de la Kriegsmarine du Korvettenkapitän Prien. Les Français inaptes prendront des pelles et renforceront les barricades. Ce sont pour la majorité des téléphonistes, conducteurs etc. certains sont même vétérans de la Grande Guerre. Ils sont réunis au Casino en attendant leurs évacuations par mer. 

La mairie en 2008, celle-ci servait de PC à L'Oberst Fullriede. Ludwig terrassé par l'épuisement aura l'ordre de laisser sa compagnie à Büeler et de rester auprès de l'oberst à la mairie. 

Kolberg quasiment détruite. De nos jours il ne reste pratiquement plus rien de cette ville-forteresse chargée d'histoire.    

L'attaque polonaise est lancée le 7 mars, la ceinture extérieure de défense est percée trois jours après. Le 10 mars, la compagnie Ludwig avec 2 sections (Büeler et Francke) contre-attaque vers le cimetière en subissant les tirs de mortiers de 120 puis viennent ensuite les blindés. "Nous allons nous battre au cimetière où je retrouve des Français qui viennent, je crois, de Greifenberg...Nous atteignons le cimetière juste pour nous faire dérouiller par un feu carabiné. Je revois encore ce joli petit soulier de bal, blanc et un peu moisi, arraché à sa propriétaire dormant sous cette terre que nous défendons pas à pas, et de ce bras arraché d'où sortent les os de la main. Le bombardement mélange morts et vivants en un grand bal fraternel ! Les hommes vident toutes leurs bandes de M.G et les chargeurs de M.P. Les mortiers en arrière manquent d'obus. Mais rien n'y fait, nous sommes rejetés du cimetière."

L'un des 4 Panzer IV disponible pour la défense de kolberg. Il appartenait au Groupe blindé Beyer constitué de 8 blindés de la division "Holstein" se trouvant à Kolberg pour cause de réparation.


"Durant la journée du 9 mars dans la ville de Kolberg, l'ennemi, à l'aide du bataillon de forteresse "Kolberg", des débris ayant réussi à se dégager de l'encerclement provenant du 10e Corps d'Armée SS, de la division Bärwalde et de la 33e division d'infanterie SS, a opposé une farouche résistance à nos unités dans les quartiers au Nord-est de la ville"

Bulletin d'information N°51 de l'Etat-Major 1re Armée polonaise


Le 12 mars, la seconde ceinture de défense est attaquée. Le 14, les Polonais pénètrent le centre-ville tandis que la 6ème division s'approche du port. Les combats se font au corps à corps, les défenseurs allument des incendies. "Nous faisons surtout de la guérilla, la guerre du pauvre, mais c'est tout ce que nous pouvons faire. Ce qui ralentit quand même Ivan et permet aux derniers civils d'embarquer". Dans les caves, les enfants meurent de faim ou de soif : plus d'eau, ni de lait. Des adultes, trop vieux pour affronter la rue ou trop frappés par les bombardements, se suicident. Kolberg brûle mais ne se rend pas. Un bataillon de renfort allemand débarque même le 15 mars, il s'agit du bataillon de Mitrailleurs de Forteresse 91 qui arrive de Stettin.

Le 17 mars, la compagnie Ludwig est réduite à 33 hommes, les Français désarmés qui s'étaient réfugiés au Casino sont appelés en renfort. Malheureusement, la section à peine mise sur pied est anéantie en quelques instants par une bordée de roquettes : il n'en reste que 4 survivants. Les autres sont évacués sur les bateaux.

La compagnie Büeler organise une contre-attaque désespérée puis sont relevés par des Allemands. Le 18 mars au matin, les survivants peuvent s'embarquer sur des vedettes, le lendemain  ils débarquent au port de Swinemünde. Les derniers éléments du Bataillon Hempel dont le lieutenant Hempel lui-même, embarquent sur le destroyer Z43 à 6h30 du matin ce même 18 mars. Kolberg, détruite, défigurée devient polonaise.

L'Oberst Fullriede est fait chevalier de la Croix de Fer des mains d'Adolf Hitler le 26 mars 1945. Quelques milliers de réfugiés seulement tombèrent aux mains des Russes ou Polonais, ainsi que 2300 combattants blessés ou laissés pour morts.

 

L'Oberst Fritz Fullriede nommé par Heinrich Himmler arrive le 1er mars 1945 à Kolberg. Il devient le Festungkommandant de la ville.

SS-Untersturmführer Ludwig ici sous l'uniforme de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme.

Des prisonniers emmenés par les Polonais, y a t-il des Français ?

Le SS-Untersturmführer Büeler, de nationalité suisse, succède à Ludwig et prend le commandement de la compagnie française.

 

Plan de la Bataille. (Cliquer sur l'image pour une taille téléchargeable)

Les forces en présence

Côté allemand :

Régiment d'Instruction de la 3e Armée Blindée du Colonel Woller. 7 compagnies du Marine-SA du Standartenführer Pfeiffer. Bataillon de Marche de la Kriegsmarine du  Korvettenkapitän Prien. Groupe de D.C.A Heinzel avec 15 pièces de Flak. Groupe d'artillerie Schleife avec 8 obusiers de 105. Groupe blindé Beyer avec 8 blindés de la division "Holstein". Bataillon de Marche Hempel dont 1 compagnie de Français de la division "charlemagne". Bataillon de mitrailleurs de forteresse 91 (à partir du 15 mars)

Côté soviéto-polonais :

6e Division d'infanterie (14,16, 18 Régiment d'Infanterie). 3e Division d'Infanterie (7,8,9 Régiment d'Infanterie et 13 canons d'assaut type SU-76). 4e Division d'Infanterie (10,11,12 Régiment d'Infanterie et 10 canons d'assaut type SU-76). 4e Régiment de chars lourds (14 chars JS-2). 2e Brigade d'Artillerie (58 obusiers de 122). 3e Brigade d'Artillerie (60 obusiers de 122). 5e Brigade d'Artillerie Lourde (36 canons de 152)

Russe : 45e Brigade blindée de la Garde. 272e Division d'Infanterie du 134 Corps de Tirailleurs. 6e Brigade d'Artillerie de Leningrad (lance-roquette de 300mm)

 

 

 

 

Comme nous l'avions lu précédemment dans "La percée du I./RM Fenet l'Inspektion allemande", les restes de la division sont arrivés à Swinemünde le 13 mars 1945. Trois jours plus tard, le 16 mars, les 724 hommes arrivent à Jargelin où sont stationnés depuis une bonne semaine à vrai dire depuis le 8 mars, les rescapés de Gross Jestin et la compagnie d'Honneur. Des promotions sont distribuées, Labourdette, adjoint du Waffen-Haupsturmführer Fenet est nommé Waffen-Untersturmführer. Des Croix de fer sont distribuées, certaines à titre posthume.

Le 21 mars, le départ est annoncé pour le Mecklembourg mais les trains manquent et c'est à pied qu'ils devront faire le trajet jusqu'à Carpin, village situé 75 km plus au sud. Sur la route ils sont précédés par les volontaires Lettons qui brûlent accidentellement un baraquement où devaient dormir les Français. La colonne arrive trois jours plus tard, le 24 mars à Carpin,  à une dizaine de kilomètres à l'est de Neustrelitz.

Le 25 mars, la division qui numériquement n'en était plus une, est réorganisée en un régiment, le Französisches Freiwilligen-Sturm-Regiment der SS "Charlemagne". Ce régiment comprend deux bataillons de grenadiers et un bataillon lourd auquel il faut ajouter les sections de génie, transmissions etc.

QG de l'Inspektion allemande : Carpin, dans une grosse ferme.

Compagnie d'Honneur :  Georgenhof puis Ollendorf dans un manoir.

Bataillon 57 du Waffen-Hauptsturmführer Fenet : Bergfeld  dans une Gusthauf et ses hommes à proximité, dans des fermes.

Bataillon 58 du Waffen-Obersturmführer Géromini : Grünow, le P.C. du bataillon 58 se situe dans une imposante maison en brique.

Bataillon lourd du Waffen-Sturmbannführer Boudet-gheusi : Goldenbaum

Le peloton de Police du SS-Obertsturmführer Goerr : Thurow

Avec cette nouvelle structure l'entraînement peut reprendre même si chez certains le moral est totalement cassé. En attendant le régiment est réquisitionné pour ériger des barrages et fossés antichars, une corvée qui n'est pas particulièrement appréciée.

Louis Levast de la compagnie d'Honneur :  "A peine installés, nous avons été réquisitionnés pour des travaux de terrassement de fossés antichars, et lors des rares pauses pour l'exécutions d'exercices de tirs fictifs avec appréciations des distances et descriptions des objectifs, n'ayant pas encore reçu d'armes, et assortis de manœuvres en campagne.". En effet les survivants de Poméranie, quittant le front, ont dû rendre leurs armes en débarquant à Swinemünde.


La carte ci-contre nous montre le trajet de la division à travers le Mecklembourg. Nous savons que dès le 8 mars la compagnie d'Honneur, séparée de la division depuis les combats d'Elsenau, cantonne à Jargelin où le reste de la division doit les rejoindre.

21 mars 1945. Le départ pour Carpin commence assez mal puisqu'il n'y a plus de trains à Anklam. La grande salle d'une auberge est réquisitionnée à Schwerinsburg pour y passer la nuit.

22 mars, ils reçoivent du ravitaillement à Sarnow. Plus tard, la compagnie divisionnaire passe la nuit à l'école de Schönbeck.

23 mars, les volontaires reprennent la route et alors qu'ils se reposent dans le village de Bredenfelde ils sont survolés par deux avions ennemis, il est environ 16 heures. Ils passent la nuit à Stolpe, le ventre plein.

24 mars, la division arrive à destination.

Emil Marotel : "la vie de camp reprend ses droit avec ses corvées, ses tours de gardes, rassemblements et rapports. Toutes choses qui nous semblent sans intérêt après la vie que nous venons de mener"

Le SS-Brigadeführer Krukenberg envoie le SS-Obersturmbannführer Hersche à Wildflecken, sa mission est de ramener les 1200 hommes sous forme d'un Régiment de Marche encore stationnés dans le camp, où l'on retrouve notamment les survivants de Kolberg. Comme nous le verrons par la suite la mission échouera.

SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg : "De la division, il restait à peine de quoi reformer un régiment ! J'ai réuni les survivants et je leur ai dit : "Je ne veux que des volontaires. Vous pouvez abandonner la lutte armée. Vous resterez dans la SS, mais comme travailleurs. Je ne veux plus avoir avec moi que des combattants."

Le 10 avril, un Bau-bataillon (un bataillon de travailleurs) doit être formé sous les ordres de Roy aidé du Waffen-Untersturmführer Martret. Les Français qui n'en peuvent plus rejoignent cette unité stationnée à Drewin et prennent la pelle. Ils n'auront plus de contact avec leurs camarades combattants. Le Waffen-Obersturmführer Géromini quitte le commandement du Bataillon 58 pour une compagnie de travailleurs. Le SS-Hauptsturmführer Jauss remplace alors Géromini à la tête du bataillon constitué en majorité d'anciens de la LVF et de la milice. Le moral de Jauss déclinera rapidement avec les jours qui passent. Il sera relevé de son commandement. Le même jour, le 10 avril, le bataillon Martin (voir résistance à Gotenhafen), soit une centaine de survivants de Gotenhafen, rejoint le régiment "Charlemagne". La majorité des rescapés est versée dans les deux bataillons de grenadiers.

Le 13 avril, des conseils de guerre sont formés ils durent jusqu'au 23 avril. 9 sous-officiers et hommes de troupes sont condamnés à mort principalement pour vol de nourriture. Les sentences sont très sévères pour ne pas dire extraordinaires, la peine normale étant soit la dégradation soit l'emprisonnement dans un camp voir la mutation dans une section spéciale.

Le 14 avril, Un peu plus d'une vingtaine de Oberjunker arrivent de Kienschlag, le camp de Neweklau en Bohême qui vient de fermer. Jacques Frantz sera nommé officier d'ordonnance (I.A) d'Henri Fenet durant la bataille de Berlin. N'oublions pas le Waffen-Untersharführer Jean Malardier, auteur du livre "Combats pour l'honneur" et volontaire pour Berlin. Si parmi ces volontaires il y là encore des anciens de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme comme Jean Cossard, il y a aussi de jeunes engagés qui sortent de l'instruction et qui n'ont jamais connu les combats. Kienschlag ayant fermé, la "Charlemagne" reçoit aussi les instructeurs français du camp, Michel (ancien LVF), Kreuzer et Cance tous anciens de la Sturmbrigade sont de retour. Le Waffen-Sturmbannführer Cance envoyé par Darnand n'est pas là pour rejoindre la troupe mais pour récupérer les miliciens. Les tractations avec Krukenberg tournent courts et il est envoyé au SS-Hauptamt à Berlin qu'il quittera le 22 avril. Cance sera fait prisonnier par les Anglais dans le nord de l'Allemagne.      

A la même période, l'armement arrive enfin au régiment. Les nouvelles tenues camouflées ainsi que les Sturmgewehr-44 et Panzerfaust sont distribués en bonne quantité.

Le Waffen-Standartenoberjunker Labourdette est nommé Waffen-Untersturmführer à Carpin. Il décède en 1945.

Blessé au pied durant les combats en Poméranie, le SS-Standartenführer Zimmerman est hospitalisé à Anklam puis prend le commandement du régiment Charlemagne, le 24 avril 1945. Il décède en 1995.

Le Waffen-Obersturmführer Géromini lorsqu'il était à la Franc-garde. Il commande un temps le Bataillon 58 puis la 2e compagnie du Bau-Bataillon.

Le Waffen-Sturmbannführer Boudet-gheusi en août 1942 lorsqu'il était capitaine à la Légion tricolore. Son sturmbataillon aurait dû défendre Berlin encerclé.

Dans la nuit du 23 au 24 avril, le Waffen-Hauptsturmführer Fenet est convoqué d'urgence au Q.G. de Carpin. Un télégraphe émanant du Führerhauptquartieret envoyé par le SS-Sturmbannführer Günsche vient d'arriver "Division Charlemagne unter Ausnützung aller Verkehrsmöglichkeiten sofort Eisatz Berlin. Meildung Reichskanzlei Adolf Hitler". Le sort de la Charlemagne est scellé, le combat final va commencer.

Les 700 Français encore armés doivent rejoindre Berlin le plus rapidement possible. Une dizaine de camions Ford sont fournis par la Luftwaffe, il devront faire plusieurs aller-retour alors que l'essence est de plus en plus rare, la mission semble impossible. Les trois compagnies du Waffen-Bataillon der SS nr.57, la compagnie Weber, la compagnie Rostaing du 58 sont du premier convoi soit 350 hommes. Le reste, 300 volontaires environ sous les ordres du Waffen-Sturmbannführer Boudet-gheusi, doit se tenir prêt pour embarquer dans le deuxième convoi.

Le 24 avril vers 8h30, le Sturmbataillon Fenet et la compagnie Weber partent pour Berlin. Les 300 volontaires de Boudet-gheusi ne le savent pas encore mais ils ne reverront plus leurs camarades. Les restes du Französisches Freiwilligen-Sturm-Regiment der SS "Charlemagne" sont dorénavant commandés par le SS-Standartenführer Walter Zimmerman.

Dans la matinée du 27 avril 1945, les Soviétiques sont signalés à 15 kilomètres de Carpin. Le P.C du régiment déménage à Zinow mais les Français tiennent les barrages antichars de Carpin et de Fürtensee, ancien PC du bataillon 57. Bergfeld et Goldenbaum sont investis par l'Armée Rouge. Le Bau-Battaillon est mis en route en direction de l'ouest, Marotel :" le 27 avril, nous quittons les fermes où nous cantonnons. Je vais mieux, mais je dois m'arrêter à la nuit et abandonner ce groupe d'homme qui suivent cette route qui ne mène nulle part". 

Le 29 avril, Neustrelitz tombe, 85% de la ville est dévastée par les flammes. Les hommes de Boudet-Gheusi  partent vers l'ouest dans l'espoir de rejoindre le Danemark mais surtout pour éviter la capture par les Russes. 60 Français du Waffen-Bataillon der SS nr.58 commandé par le SS-Hauptsturmführer Kroepsch trouvent la mort sur la route allant de Neustrelitz à Wesenberg. Près de Wesenberg, deux jeunes volontaires sans doute prisonniers ou blessés sont égorgés !  

Le 30 avril, Grünow, où était stationnée il n'y a pas si longtemps le Bataillon 58 est envahi à son tour. Plus tard, une épidémie de Thyphus dévastera le village.

Le 1er mai, la colonne française épuisée par les marches et les attaques aériennes atteint Wismar mais la poche sur le Mecklemburg s'est refermée, il n'y a plus aucun espoir de rejoindre le Danemark.

Le 2 mai près de Bad-Kleimen, Boudet-Gheusi décide de se rendre, certains Français tentent l'aventure en enfilant des vêtements civils. Dans la gare de Bobitz, 14 Waffen-SS français de l'Etat-Major se rendent aux Anglais. L'affaire tourne mal pour Jean Boudet-Gheusi et son adjoint, ils doivent être livrés aux Soviétiques mais parviennent à s'évader et à rejoindre une colonne de prisonniers. Le Bau-Bataillon et le Waffen-Bataillon der SS nr.58 viennent de disparaitre définitivement.           

Le Waffen-Bataillon der SS nr.57 du Waffen-Haupsturmführer Fenet s'installe quelques jours à Bergfeld. L'officier réside au Gutshaus de Bergfeld dans une des chambres situées au dessus de la porte d'entrée.

Stèle à la mémoire des civils et combattants de Carpin-Goldenbaum. Erigée en 1995 par Heinz Behnke vétéran du régiment Waffen-SS "Westland". Elle recevra la visite d'Henri Fenet en 1998 ce qui créa une polémique dans les cercles antifascistes. elle sera plusieurs fois profanée et n'existe plus de nos jours.

Emil Marotel, ici en tenue de Franc-garde de la Milice. Retrouvant le Régiment 57 à Fürtensee, malade il est versé au Bau-Bataillon. Durant le retraite entamée le 27 avril, il préfère tenter sa chance de son côté et combattre avec des Allemands isolés.

 

POur de plus amples informations sur l'aspect tragique de Bad reichenhall nous lirons : Batailles N°18 octobre-novembre 2006, article de 8 pages d'eric lefèvre.

Le SS-Obersturmbannführer Hersche est envoyé par le SS-Brigadeführer Krukenberg au camp de Wildflecken avec la mission de ramener sur Carpin les derniers éléments de la "Charlemagne".

L'évacuation du camp de Wildflecken est décidée le 29 mars 1945. Le 31 mars, un Bataillon de Marche français constitué de 1200 hommes, comprenant des rescapés de Poméranie, prend la route sous les ordres du SS-Obersturmbannführer, un Suisse. Comme nous l'avions lu précédemment la mission de Hersche est de ramener ces cinq compagnies sur Neustreliz-Carpin. La progression est difficile, la colonne est talonnée par les blindés américains et mitraillés par les avions. Les trains n'existant plus il faut marcher, toujours marcher avec un ventre vide.

Le 12 avril, la colonne arrive à Marktrediwitz en Thuringe. Un contre-ordre émanant de l'Obergruppenführer Berger anéantit tout espoir de réunification avec les Français de Carpin, le Régiment de Marche Hersche doit rejoindre dorénavant un réduit alpin en Bavière.

Le régiment échappe tant bien que mal à l'avancée des blindés américains qui les talonnent. Les hommes marchent jour et nuit pratiquement sans nourriture, traversent la Thuringe et la Haute-Franconie, les désertions se multiplient.

Le régiment Hersche, qui ne compte plus que 600 hommes, arrive le 14 avril 1945 à Regensburg sur le Danube et continue vers le sud. Le 18 avril près de Wartenberg, une unité de Français participe aux combats retardataires. Certains défendent Moosburg aux côté de la 38. SS-Panzer-Grenadier-Division "Nibelungen", dernière division de la Waffen SS formée avec le personnel de l'école d'officiers de la SS de Bad Tölz et du RAD. Parmi ces défenseurs de Moosburg, certains sont faits prisonniers près de Lofer dont les prisonniers exécutés de Bad Reichenhall. Mais le gros des défenseurs, lorsqu'ils ne sont pas morts au combat, se rendent le 18 avril. Certains en profitent pour balancer leur veste et en revêtir une de la Wehrmacht, d'autres se contentent d'arracher les insignes de col même si les traces se voient encore. 

Encore une nouvelle fois le régiment se divise, une partie choisissant de continuer la lutte en Autriche où ils capituleront près de Loger. Le 1er mai 1945, Hersche est nommé SS-Standartenführer tandis que les derniers de Wildflecken continuent leur route vers l'Italie et capitulent à Bolzano dans le Tyrol du Sud début mai. Un accord est fait avec les anglo-américains pour ne pas être livré au gouvernement français avant un an.

 

C'est sous uniforme et matériel américains que le général Leclerc interroge les prisonniers du régiment Hersche à Bad Reichenhall. Dans quelques heures ils seront exécutés dans une clairière, leurs corps laissés à l'abandon pendant quelques jours avant que les troupes américaines ne les enterrent. Ironie de l'histoire certains des exécutés seront condamnés par contumace par la justice française en 1947 !   

Quelques hommes du régiment Hersche : Le Waffen-Obersturmführer Krotoff ancien de la Sturmbrigade et rescapé de Poméranie, le Waffen-Untersturmführer Briffaut ancien de la LVF et de la brigade Charlemagne, le Waffen-Untersturmführer Daffas ancien de la LVF. Tous ont le visage amaigri et inquiet. Ils seront exécutés par les hommes du lieutenant Ferrano, 4e compagnie du I bataillon du Régiment de Marche du Tchad de la 2e DB.  

le lieutenant Maurice Ferrano décédé le 9 juillet 1981 à Toulon. Il commandait la 4e compagnie du I bataillon du Régiment de Marche du Tchad de la 2e DB.  

     

...suite en construction...

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

 

Description : Description : Description : C:\Users\Thibault Brunet\Documents\Site\division%20charlemagne_fichiers\MsSpacer.gif

Site d'Histoire sur la Französisches SS-Freiwilligen-Grenadier-Regiment,  Französisches SS-Freiwilligen-Sturmbrigade (dite Brigade Frankreich), 33.Waffen-Grenadier-Division der SS "Charlemagne" (franz.Nr.1) (Dite Division Charlemagne) au Französisches freiwilligen-Sturm-Regiment der SS "Charlemagne".