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Introduction.
Qui est l'empereur Charlemagne et pourquoi ce nom a été retenu pour
nommer la division.
Liens internes : Les
chants de la division Charlemagne
Interviews
de quelques vétérans
Uniformes
des combattants
I. Le camp de Wildflecken
Organisation de la brigade puis division Charlemagne au camp de
Wildflecken (Allemagne).
II. La campagne de Poméranie
Premier combat et retraite des Français sur le front de l'est.
III. La bataille de Körlin
Tentative de fixation du front sur les bords de la Persante puis
éclatement définitif de la division.
IV. La percée du I./RM Fenet et de l'Inspektion
allemande
Retraite pénible mais réussie du Bataillon Fenet à travers la Poméranie
V. Résistance à Gotenhafen
Le Ersatz-Battaillon Martin isolé de la
division est enfermé dans la poche de Danzig.
VI. Festung Kolberg !
Après Körlin la tentative d'échappatoire de la compagnie Ludwig.
VII. Carpin avant l'assaut final.
Réorganisation de la division en régiment et préparatif du dernier
assaut : Berlin.
INTRODUCTION
"Si un homme n'est pas prêt à
tout risquer pour ses convictions, alors de deux choses l'une : soit son
idéal ne vaut rien, soit l'homme lui-même ne vaut rien" Ezra
Pound.


Extrait du journal "La Voix" du 03
Novembre 1944.
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Charlemagne vu par les cours politiques délivré à Bad
Tölz aux officiers de la Waffen SS
Extrait d’ "Histoire du Reich",
fascicule pour l'éducation de la SS.
"Dans le chaos des grandes
migrations, seule une tribu germanique occidentale, celle des Francs,
avait pu développer sa propre structure étatique. Les Francs n'avaient
pas émigré très loin et recevaient constamment des renforts provenant de
la mère patrie. Sous Charles Martel l'Empire franc possédait encore une
forte empreinte nordique et avait atteint les grands centres culturels du
Rhin et de ses régions affluentes. Il protégea l'Occident des attaques
des Maures lors de la bataille de Poitiers en 732. La donation de son
fils Pépin au pape, par laquelle il confirmait à celui-ci la possession
des régions de Rome, Ravenne et Ancône, permit de fonder les Etats de
l'Église, justifiant ainsi la revendication séculière du pape. Il en découla
des conséquences néfastes sur la politique religieuse allemande. Le
royaume franc atteignit l'apogée de sa puissance sous Charles 1er, le
petit fils de Charles Martel. Il parvint à unifier dans le royaume franc
les tribus allemandes de Bavière, de Saxe, de Thuringe et des Alamans,
créant ainsi une grande puissance. Mais son empire ne réalisait pas une
unité entre le peuple et le territoire. Dans le fond, il ne gouvernait
déjà plus un royaume franc mais un empire franco-allemand, ce dont
témoignait le lieu de sa résidence à Aix-la-Chapelle. Pourtant, ce grand
empire devait acquérir des traits germaniques principalement du fait de
la volonté de Charlemagne. Il organisa aussi les premières mesures
d'expansion vers l'Est. Lors de la poursuite de ses plans politiques
impérialistes, il ne recula devant aucun moyen pour obliger les tribus
rétives à se rassembler. Et le duc de Saxe Widukind, le plus grand
adversaire de Charles, dut s'incliner face à cette dure fatalité. Autant
nous désapprouvons ses méthodes violentes, autant on doit reconnaître que
Charlemagne fit de l'Europe d'alors une unité puissante. Widukind, le
défenseur de l'âme germanique et Charles, le créateur de l’Empire,
témoignent de la grandeur et de l'atrocité des débuts de l'histoire
germanique et allemande. Toutes les régions de l'Empire carolingien
réunies et gérées de façon centralisée eurent ainsi un développement
florissant. Grâce à sa personnalité éminente, Charles maintint la
cohésion de l'Empire et dicta à l'Église sa volonté. Mais sous ses
successeurs, les puissances tendant à la division de l'Empire
s'imposèrent de plus en plus. L'Église soumise à l'État céda la place à
l'église romaine politique, et le fils de Charles, Louis le
"pieux" devint l'instrument docile de ce nouveau pouvoir. Avec
le temps, les parties romaines de l'Empire se séparèrent de plus en plus
des régions germaniques. Les héritiers incapables placés sur le trône
suivirent la pire des politiques et on aboutit au partage de l'Empire
lors des traités de Verdun en 843 et de Mersen en 870.

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Le Blason de la division Waffen SS Charlemagne
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Il est légèrement différent
de celui que l'on donna à l'Empereur, car sa couleur est noire et blanc.
Celui de Charlemagne (Karl der Große) est de couleur bleu et jaune. A
titre d'information Charlemagne ne porta jamais ce blason qui lui fut
attribué des années après sa mort. Il n’était pas non plus porté sur
l’uniforme des Français de la Waffen-SS.
La division Charlemagne devait
s'appeler initialement "Jeanne d'Arc", les protestations des SS
français eurent raison de l'idée "vieille France" des
Allemands. Les spiegels (runes de col) devaient par contre évoquer
"Jeanne la pucelle" mais restèrent à l’état de
projet.
Nous pouvons remarquer aussi que la SS française a
baissé d'une catégorie dans son appellation. Alors que la Sturmbrigade
était une SS Freiwillige (second rang, formée de volontaires étrangers
aux origines germaniques), le premier rang étant les volontaires
Allemands de souche, la division Charlemagne se retrouve au dernier rang
- le troisième - c'est à dire comparable aux divisions slaves. L'extrême
rapidité de l'instruction, les critères à la baisse et l'absence de cours
politique en étaient principalement la cause. Il ne faut pas négliger le
fait qu’une partie de la division n’eut guère le choix de son engagement
au sein de la Waffen-SS. On ne peut plus à proprement parler de
« volontaires » comme pouvaient l’être ceux de la Brigade
d’Assaut.
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"Lieber den Arsch
voll zwecken als in Wildflecken werrecken"
Le camp d'entraînement de
Wildflecken/Röhn est créé en 1936 par la Wehrmacht. Le projet initial
concernait un camp pour 9000 hommes et environ 1500 chevaux; un terrain de
manœuvre de plus de 7000 hectares avec des stands de tirs, bunkers, parcs
de véhicules, d'un dépôt de ravitaillement et un autre de munitions, tous
deux raccordés par voie ferrée. Les cantonnements sont des casernes en
brique, plus rarement en bois.

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Gustav Krukenberg ici avec le
grade de
SS-Standartenführer.
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Edgard Puaud, ici avec son
uniforme française en 1944.
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Wilhem Weber de la compagnie
d'honneur. Ici avec le grade de SS-Untersturmführer.
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Octobre 1944
La plupart des volontaires français de la
Sturmbrigade sont rassemblés au camp de Wildflecken près de Fulda, en
Franconie 1, où se retrouvent plus de sept mille hommes.
Pierre Rostaing 2 : "Le camp de Wildflecken est recouvert d'une
mince pellicule de neige. A première vue, c'est une immense forêt. Mais en
y pénétrant, je remarque une quarantaine de bâtiments de bois et de pierre,
avec sous-sol, rez-de-chaussée et premier étage - chacun d'eux peut abriter
l'effectif d'une compagnie, soit 120 hommes."..."Seul un vaste
espace carré, surélevé, encadré de deux pentes et dominé par un immense
rocher : la place Adolf Hitler, a pris le pas sur la forêt."
Louis J. Levast 3 : "Chaque bâtiment était
prévu pour abriter une compagnie, une large voie goudronnée traversant la
forêt de part en part, donnait accès aux bâtiments par le biais de petites
allées venant se greffer sur la voie principale, en bordure de celle-ci des
bâtiments abritant les cantines desservant les diverses compagnies; quant
aux bâtiments administratifs ils se trouvaient en bordure d'une vaste
place, dont un des côtés formait un talus surélevé de 5 mètres environ, et
faisant face aux bâtiments administratifs, au centre de ce dispositif
s'élevait un mât où flottait le drapeau noir aux runes d'argent aux côtés
de nos trois couleurs".
Les unités de la nouvelle brigade appelée
à devenir dans quelques mois division, proviennent de la LVF 4 dont l'équipée en Russie est désormais terminée,
de la Sturmbrigade
SS dont un bataillon vient de subir de lourdes pertes en
Galicie au mois d'août, et de divers éléments servant dans les forces
armées du Reich : OT 5 ,
Kriegsmarine 6. Les
unités de la NSKK 7, sorte
de train des équipages, dépendant de la Luftwaffe, sont par contre restées
sur les théâtres d'opération où elles se trouvaient stationnées en Italie
et en Yougoslavie. A ces hommes déjà accoutumés à servir dans les rangs
allemands, s'ajoutent deux mille Francs-gardes de la Milice française, tant
bien que mal repliés à l'est du Rhin, où ils ont d'abord été cantonnés à
Ulm. En dernier, quelques hommes du SD 8
notamment ceux de Bordeaux rejoignent les rangs de la future division
française de la Waffen-SS.
L'amalgame entre ces divers éléments ne
se fera pas facilement d'autant que la nouvelle unité française est
désormais totalement intégrée dans la Waffen SS.
Les légionnaires de la LVF sont assez "jaloux" de l'indépendance
qu'ils ont connue en Russie. Quant aux miliciens, ils sont réticents à
l'idée de changer leur tenue bleue contre l'uniforme feldgrau. François
Ranque : "La SS et l'habit feldgrau ne nous disaient rien :
nous étions fiers de notre indépendance, de notre uniforme français".
Certains miliciens du GSS Vichy 9 comme Pierre
Petrucci iront rejoindre la compagnie d'honneur du SS-Obersturmführer
Weber. Petrucci finira la guerre dans la capitale du Reich.
Louis J. Levast : "Après avoir passé peu de jours
dans les baraques en bois et après une revue de détail poussée, l'ensemble
des franc-gardes fut présenté à la brigade en formation, composée de LVF,
NSKK, Kriegsmarine, Organisation Todt et les Waffen-SS français. Pour ce
faire, les francs-gardes furent rassemblés sur le terre-plein dominant la
place où étaient rangées les unités de la future brigade citée plus haut.
Après discours, chants martiaux, salut aux couleurs, nous sommes revenus
dans nos cantonnements" .

Les séances d'entraînements,
d'assimilation se poursuivent à un rythme effréné, François Ranque :
"Nous avions cru, au début, que l'on formerait de nous un régiment
à part, comme cela avait été fait avec la LVF. A notre grande déception, il
n'en fut rien : nous devions être dispersés.". Les formations des
unités spécifiques sont dispensées en Allemagne mais aussi en Bohème
(Janowitz/anti-chars, Kienschlag/grenadiers montés, Sbirow/conducteurs,
Hirschberg/commandement, Hradisko/génie, Paderborn/blindés). Pourtant des
problèmes persistent comme le froid et la faim. Mais il y a aussi plus
grave : les désertions. Une section entière de la 2ème compagnie du
régiment 57 plia bagage avec ses mitrailleuses MG42 pour rejoindre la
division Wallonie de Léon Degrelle.
Le SS-Brigadeführer Krukenberg
à propos des déserteurs : "Nous avions beaucoup trop de déserteurs,
beaucoup trop pour une troupe normale. Et leur exemple était d'autant plus
contagieux qu'ils désertaient pour partir vers le front. Ainsi je voyais
des compagnies perdre des dizaines d'hommes, parce que des Français
quittaient Wildflecken pour aller s'engager dans les commandos Skorzeny.
Ces garçons désertaient parce qu'ils avaient envie de se battre. C'était
honorable, mais très mauvais pour le moral de leurs camarades..."
Léon Degrelle : "Dégoutés de ces
brouilles de nains ambitieux (ndlr : ceux de Vichy), nombre de
Volontaires français s'éclipsaient de leur unité, rejoignaient ma Division
: cent dix-sept transfuges en une seule semaine !"
"Les choses ont bien
changé, l'ambiance est très différente...Ce n'est plus notre SS"
notera André Bayle ancien de la Sturmbrigade. Les miliciens versés à
la Charlemagne sont souvent dévalorisés par les anciens de la brigade
d'assaut y compris après la guerre. C'est étonnant puisque nous savons que
de nombreux officiers de la brigade étaient eux-mêmes d'anciens cadres
miliciens. De plus, de nombreux volontaires de la Kriegsmarine ont été
versés à la compagnie d'honneur de Weber, où beaucoup mourront lors de la
bataille de Berlin.
En novembre 1944, 20 vrais déserteurs
français de la Waffen SS sont attrapés puis exécutés à Wildflecken. A ce
titre suivons le parcours de Robert Oue, âgé de 22 ans en février
1945. Sans travail en France, il est travailleur supposé forcé
en Allemagne en janvier 1942. En juillet 1942, il s'échappe mais est
capturé à la frontière franco-allemande et est condamné à deux mois et demi
de prison. En octobre de la même année il revient en France. En juillet
1944, il est de nouveau travailleur en Allemagne puis fin octobre il
s'engage à la Charlemagne en espérant s'échapper à la première occasion. Le
6 janvier 1945, il déserte et traverse l'Allemagne en train. En la gare de
Woerth, il est dénoncé par un civil et capturé par la police. Il est versé
à 10ème compagnie du Rgt 22 de la 10.SS où il déserte une nouvelle fois le
31 janvier 1945 pour se rendre finalement aux américains.
Le 6 janvier 1945, plusieurs Français
offrent 1/4 de litre de sang à la croix rouge allemande et sont payés 5
marks. Le tatouage du groupe sanguin sous le bras gauche se fait vers le 20
janvier mais beaucoup refusent.
Rescapé des combats de Galicie dans la
Brigade d'assaut, le Waffen-Obersturmführer Henri Fenet
participe au stage de l'Ecole de l'Armée à Hirschberg
(Mecklembourg) pour recevoir une formation de chef de bataillon. Il
dirigera le premier bataillon du régiment 57, qui intégrera de nombreux
vétérans de la Sturmbrigade. Jean Bassompierre, milicien et ancien
de la LVF, décoré de la E.K II, de la Croix du Mérite et de la croix de
guerre légionnaire, est envoyé de décembre à janvier 1945 à Custrow, au
nord de Berlin. Il y suit un stage de chef de bataillon.
10 Février 1945, La brigade
"Charlemagne" devient division et prend le titre officiel de 33ème
Waffen-Grenadier-division der SS "Charlemagne" (franz nr.1).
L'entraînement des grenadiers n'a duré
que trois mois, de nombreux spécialistes n'ont pas encore terminé leur
stage et le matériel lourd n'a pas été perçu. La nouvelle division est
cependant considérée comme opérationnelle et va être envoyée vers le front
de Poméranie par plusieurs convois ferroviaires à compter du 17 février
1945. André Bayle : "Nous
partons officiellement pour le camp d'Hammerstein/Konitz; mais
officieusement, il est question de combat dans cette zone..." .
La division comprend alors environ 7000
hommes, soit l’effectif d’une Volksgrenadier-Division (nouvelle
nomenclature du Heer apparue en 1944). Elle est articulée entre les régiments
57 et 58 (avec chacun deux bataillons de grenadiers), ainsi que les
différentes unités de servitude. La Charlemagne ne sera jamais engagé avec
des effectifs pleins, et des unités manquantes ne cesseront de venir la
compléter au cours des combats.
Le commandant français de l’unité est le
Waffen-Oberführer Edgard Puaud, ancien chef de la LVF. Mais il
demeure sous les ordres de son homologue allemand (mais néanmoins
francophile) le SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg. Il est à noter
qu’aucun des officiers de l’état-major de la Sturmbrigade ne participera
aux combats de la division Charlemagne : le SS-Freiwillige
Sturmbannführer Cance (voir chapitre sur la Sturmbrigade) est
désormais instructeur à Kienschlag, et le SS-Freiwillige Obersturmbannführer
Gamory-Dubourdeau est détaché auprès du SS Hauptamt de Berlin.
La situation est alors
particulièrement grave pour les Allemands car les forces soviétiques ont
lancé une offensive de la Vistule aux côtes de la Baltique, tentant
d'encercler les troupes allemandes de Dantzig et de Poméranie. Leur
objectif est sans nul doute la ville de Stettin et l'embouchure de l'Oder.
Le
SS-Brigadeführer Krukenberg s'explique sur le départ pour le front : "On a beaucoup critiqué ce
départ. Eh bien, c'est moi et moi seul qui ait voulu que la division
Charlemagne monte au plus vite en ligne contre les Russes."..."Je
voulais absolument engager les Français sur le front de l'Est avant que
d'autres n'aient l'idée de faire monter la division vers le front de
l'Ouest. Cela aurait été une catastrophe. Ces garçons n'avaient rien à
faire contre d'autres ennemis que les Soviétiques. J'avais très peur de
voir les intrigues de Laval, de Doriot ou de Darnand aboutir à lancer leurs
hommes "à la reconquête de la France".
17 février.
Le premier convoi de la Charlemagne
quitte la gare de Wildflecken pour Hammerstein, ville située à 100
kilomètres de la mer Baltique, entre Stettin et Danzig. Les premiers
éléments de la division comprennent le bataillon antichars du
Waffen-Sturmbannführer Boudet-Gheusi qui combattra sans une partie
de ses armes lourdes, ainsi que l’état-major de la division avec le
Waffen-Oberführer Puaud. Le 18, c’est au tour du premier
bataillon du régiment 57 du Waffen-Obersturmführer Fenet, de
partir. Et ainsi de suite pour le reste de la division jusqu’au 23
février en une vingtaine de convois ferroviaires. Les éléments du régiment
58 arriveront après ceux du régiment 57.
Quelques clichés du camp de
Wildflecken
NOTES
1. Fulda est située à
100 kilomètres à l’est de Frankfurt-Am-Main en Allemagne
2. Pierre Rostaing,
vétéran, est l'auteur du livre "Le prix d'un serment"
3. Louis Levast,
vétéran est auteur du livre
4. LVF pour Légion des
Volontaires Française contre le Bolchevisme
5. Organisation Todt,
génie du bâtiment
6. Kriegsmarine,
marine de guerre allemande
7. NSKK
8. SD pour Sicherheistdienst
9. GSS Vichy pour le "Groupe Spécial de Sécurité de
Vichy" composé de Franc-Garde de la Milice et commandé par Tomasi.
Hammerstein est dorénavant Czarne
Puaud Edgard Orléans 1889 -
Poméranie 1945
Né le 29 octobre 1889 à
Orléans, Edgar Puaud est orphelin dès son plus jeune âge. Encouragé par son
tuteur, le jeune homme s'oriente vers le métier des armes et intègre
l'école militaire de Saint-Maixent dont il sort sous-officier. En 1914,
lorsque la guerre éclate, il est sous-lieutenant dans une unité de
chasseurs alpins stationnée dans le Jura. Muté pendant la Grande Guerre, il
se bagarre contre les "boches" au sein d'un régiment d'infanterie
de ligne. En novembre 1918, il est capitaine et titulaire de la Croix de Guerre
1914-18 avec sept citations dont une à l'Ordre de l'Armée.
En 1920, Edgar Puaud quitte momentanément l'armée pour entamer une carrière
commerciale dans le civil. Monsieur et Madame Puaud s'installent à Niort.
Nostalgique, connaissant de graves soucis avec son épouse, Puaud décide de
tout abandonner et de rejoindre à nouveau l'armée. Avide d'aventures,
l'ancien combattant s'engage dans la Légion Etrangère. Capitaine au Maroc,
il sert en Syrie avant de revenir d'Indochine au grade de commandant. Le
commandant Puaud se taille vite une solide réputation de baroudeur. S'il
lui arrive parfois de ne pas s'embarrasser avec la hiérarchie, il reste
toujours très efficace et s'impose comme un meneur d'hommes de grande
qualité. Simple, athlétique et volontaire, il mène ses soldats avec dureté
tout en cultivant une certaine camaraderie avec eux. De ses campagnes dans
les colonies, Edgar Puaud ramène la Croix de guerre des Théâtres
d'Opérations Extérieures (TOE) et quelques blessures.
Après les combats de 1939-40, il entre dans l'armée d'armistice, où il
commande le IIIe bataillon du 23 R.I. stationné à Montauban. Promu
lieutenant-colonel, il devient chef de corps et prend la tête du régiment
jusqu'à l'été 1942. Edgar Puaud est ensuite affecté à Agen où il dirige le
bureau local de la Légion Etrangère. Il n'y reste que très peu de temps et
s'engage dans la "Légion Tricolore" en juillet 1942. Nommé
colonel en décembre, il devient inspecteur général de la Légion des
Volontaires Français contre le Bolchevisme ou L.V.F. Il part se battre en
U.R.S.S à la tête d'un puis de trois bataillons.
En septembre 1943, il reçoit le commandement de la L.V.F. A cette occasion
Edgar Puaud est nommé colonel de la Wehrmacht. En avril 1944, il revient en
France afin de participer à une campagne de propagande. Pendant ces
quelques meetings, il prend la parole aux côtés de l'aumônier général Jean
Mayol de Lupé, du capitaine de Bassompierre, de Jacques Doriot et d'autres
collaborateurs. Au Vél' d'Hiv', le 21 avril 1944, il prône un engagement
massif de la jeunesse française contre le bolchevisme et souligne la
nécessité de "refaire une armée".
En 1944, les restes de la L.V.F (un millier d'hommes) sont amalgamés avec
la Französische SS-Freiwilligen-Sturmbrigade "Frankreich" pour
former une grande unité de Waffen-SS française. Désignée Waffen
Grenadier-Brigade der SS "Charlemagne" l'unité voit le jour en août
1944. Puaud, nommé général par Vichy en avril 1944 et commandeur de la
légion d'honneur, est alors transféré dans la Waffen-SS au grade de
Waffen-Oberfüher (grade situé entre colonel et général). S'il prend le
commandement des SS français, son grade de général n'est pas reconnu par
les autorités nazies et la W-SS.
Le 10 février 1945, la brigade devient division. Puaud en assure la
direction opérationnelle mais il est hiérarchiquement sous les ordres du
SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg. Ce dernier est inspecteur général des
troupes SS françaises. Très rapidement les Français partent en Poméranie
pour tenter de faire barrage aux troupes d'assaut de l'Armée Rouge. Les
hommes montent au front sans aucun armement lourd ni même de Panzerfaust.
Puaud accompagne ses soldats et fait le coup de feu contre les
"Bolchos". Début mars 1945, la divisions
SS "Charlemagne" est éclatée en petits Kampfgruppen qui refluent en
désordre. Edgar Puaud est gravement blessé à l'épaule dans le cimetière de
Belgard où il monte à l'assaut des positions soviétiques avec un groupe de
SS Français et Lettons.
Replié dans un cabane forestière, Puaud donne ses
dernières consignes. Blessé à mort, il reste seul après le départ des
derniers SS français qui se replient vers le Nord-ouest. Gustav Krukenberg
prend le commandement de la
"Charlemagne".
Edgar Puaud est porté disparu le 05 mars 1945, vraisemblablement mort, soit
des suites de ses blessures, soit à la suite d'un bombardement de
l'artillerie soviétique sur la zone où il se situait. A l'Est, Puaud,
portant l'uniforme de la Wehrmacht puis de la Waffen-SS, avait été décoré
des Croix de Fer de 1ère et 2ème classe allemandes et de la Croix de
Légionnaire avec palme.
Gustav Krukenberg, né le 8 mars 1888 à Bonn. Docteur en droit,
Gustav Krukenberg choisit la carrière des armes en 1907, au 76è régiment
d'artillerie. Il fit la Première Guerre mondiale comme officier
d'artillerie et démissionna de la Reichsheer en 1920. Entré au
ministère des Affaires étrangères, il prit part à la Conférence de Gênes et
assista aux négociations aboutissant au traité de paix de Rapallo en 1922.
Directeur du bureau de Paris du Comité franco-allemand de documentation de
1926 à 1931, il devient deux ans plus tard sous-secrétaire d'État et chef
du IIIe bureau au ministère de la Propagande. Sa mésentente avec Joseph
Goebbels, qui le considère comme trop francophile, lui fait abandonner la
haute administration pour le secteur privé et il entre dans un important Konzern
de l'industrie chimique comme chef du service juridique. Entré à
l'Allgemeine-SS en 1934, il est assigné au 6.SS-Standarte basé à
Berlin. Rappelé sous les drapeaux en 1939, il occupera différents postes
dans les services de l'arrière (notamment à l'état-major des troupes
militaires d'occupation aux Pays-Bas d'août 1940 à février 1941), avant
d'être finalement nommé, en 1943, chef d'état-major de la Wirtschaft-Inspektion
Mitte qui procède à l'exploitation économique de la Biélorussie pour le
compte de la Wehrmacht. Intégré à la Waffen-SS à compter du
1er décembre 1943, avec le grade de SS-Obersturmbannführer des Reserve,
il bénéficie de promotions particulièrement rapides. Passé très vite SS-Standartenführer,
il est nommé en janvier 1944 chef d'état-major du Ve corps de montagne SS
déployé en Bosnie-Herzégovine, puis du VIe W-Armeekorps der SS
regroupant les deux divisions lettones. Promu SS-Oberführer dR et
bientôt activé, il assure les fonctions de Befehlshaber der Waffen-SS
Ostland de juillet à septembre 1944, ayant à ce titre pour mission de
faire participer des formations des Waffen-SS à des opérations de
police dans les Pays Baltes. En août, il commande un sous-groupement du SS-Kampfgruppe
Jeckeln engagé contre les avant-gardes soviétiques dans la zone d'action de
la 18e armée. Promu SS-Brigadeführer und Generalmajor des W-SS le 23
septembre 1944, il est nommé inspecteur général de la brigade française SS
"Charlemagne". Bien que le Waffen-Oberführer Edgar Puaud en soit
le commandeur effectif, Krukenberg veille au grain. Après la disparition
d'Edgar Puaud dans la plaine de Belgard (au matin du 5 mars 1945), il
assure le commandement effectif de ce qui reste de la 33ème division SS
"Charlemagne", qu'il laisse au SS-Standartenführer Walter
Zimmermann quand il rejoint Berlin avec le Sturmbataillon français
(320 à 330 hommes arriveront finalement dans Berlin encerclée), commandant
aussi la 11ème division SS Nordland et livrant les ultimes combats. S'étant
constitué prisonnier le 12 mai 1945, il fut condamné à 25 ans de détention
par un tribunal militaire soviétique. Emprisonné à Berlin-est, il n'est
libéré qu'en 1956 (il passera en tout trois ans en isolement). Les
autorités soviétiques l'avaient condamné pour "dommages causés à
l'Armée Rouge", par sa résistance militaire en Poméranie et à
Berlin.
Il décède le 23 octobre 1980 a Bad Godesberg.
Jean Boudet, né le 26/07/1904 à Tarbes. Avocat et Capitaine de
réserve de l'armée française, il rejoint la Légion Française Tricolore puis
le Service d'Ordre Légionnaire et enfin la Légion Tricolore en 1942. Il
s'engage dans la LVF et commande la Compagnie d'Etat-Major du III.
Bataillon. Versé à la 33.SS "Charlemagne" il commande le
bataillon de chasseur de char du régiment 57, il se rend aux anglais à
Bobitz. Décède le 19 décembre 1969.
Jean Bassompierre, né à Honfleur le 23 novembre 1914. Membre des
jeunesses patriotiques et de la Cagoule. Docteur en droit et diplômé en
Sciences Politique. Lieutenant durant la guerre de 39-40, secrétaire
général de la Légion Française des Combattants des Alpes-Maritimes.
Capitaine de la Légion Tricolore il s'engage à la LVF, Ier Bataillon. Croix
de Fer 2ème classe puis Croix de guerre légionnaire. En 1944, il est
inspecteur général de la Milice en Zone Nord puis est versé à la 33.SS
"Charlemagne" et est capturé après la bataille de Körlin. Il
s'évade en gare de Salzbourg mais est capturé en Italie alors qu'il
s'embarquait pour l'Amérique du Sud. Il est fusillé le 20 avril 1948 et
enterré au cimetière d'Auteuil. Pour de plus amples informations : "Le
sacrifice de Bassompierre & Frères ennemis" de Charles Ambroise
Colin et Jean Bassompierre aux éditions de L'homme Libre.

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La gare de Wildflecken
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Aujourd'hui encore la gare a très peu
changé.
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La gare d’Hammerstein. Les
pièces de Pak de Krotoff y formeront un point de résistance
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Le camp
d'Hammerstein transformé en Stalag avant l'arrivée des Français de la
Charlemagne
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Composition de la division
2 régiments numérotés 57 et 58, un groupe d'artillerie,
un groupe anti-chars, 1 compagnie du génie (opérant en tant qu'infanterie),
1 compagnie de transmissions.
Régiment = deux bataillons
Un bataillon = 4 compagnies (3 compagnies
de grenadiers et 1 compagnie de mitrailleuses)
1 compagnie de grenadiers comptait de 120
à 150 hommes et était équipée de 10 mitrailleuses légères chacune.
La compagnie de mitrailleuses dispose de
8 mitrailleuses lourdes et 8 mortiers de 81mm
22 février.
C'est à l’aube que les premiers éléments de la division
débarquent à Hammerstein en Poméranie Orientale. Dans quelques heures Jacques
Doriot, nommé au grade honorifique de Waffen-Sturmbannführer der SS,
sera tué près du lac de Constance dans le mitraillage de sa voiture par des
avions britanniques. La position de la division Charlemagne se situe entre
la 32e division d’infanterie de la Wehrmacht au nord, et les
restes de la 15e division SS lettone au sud. C’est le General
Friedrich Hochbaum qui commande à partir de son quartier-général
(QG) de Stegers (Rzeczenica, à 14 kilomètres au nord-est de Hammerstein) le
XVIIIe Gebirgs-Korps dont dépend la division Charlemagne.
Une fois débarquée à
Hammerstein, la division devait se rassembler dans un camp de la Wehrmacht
transformé en Stalag. Après réorganisation et perception de l'armement,
elle devait rejoindre le front une semaine après.
23 février.
Une partie du régiment 57 est mise en
éventail au sud-est de la ville afin de protéger l’arrivée des unités
de la division. Dans la nuit du 23 au 24 février, le commandant du 57 le Waffen-Hauptsturmführer
de Bourmont débarque à son tour, et apprend qu’il doit prendre position
à une vingtaine de kilomètres au sud de Hammerstein, près du village de
Barkenfelde (Barkowo). Au sud de celui-ci coule la rivière Haaken (Rega),
mince rempart dans le dispositif français prévu.
24 février.
Doriot est enterré au cimetière de
Mengen. C'est à ce moment que les combats de Poméranie vont commencer. Les
Waffen-SS français entrent en campagne dans les pires conditions. Le froid
est encore épouvantable en cette deuxième quinzaine de février. Tous les
déplacements se font à pied et nul n'a encore idée des positions atteintes
par les avant-gardes soviétiques. Les armes lourdes manquent, et pour
beaucoup n’arriveront jamais. La division ne bénéficie que de son armement
d'instruction, certains possèdent même des munitions en bois !

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Le village de Bärenwalde où De
Bourmont y installe son poste de commandement.
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Parti d’Hammerstein, sous la neige et par
de mauvais chemin la division et le régiment 57 du Waffen-Hauptsturmführer
de Bourmont installent leur PC à Bärenwalde (Bincze). Le Waffen
Obersturmführer Fenet et son premier bataillon du régiment 57 (I./57) est envoyé vers Heinrichswalde (Uniechow). Le second bataillon du même régiment 57 (II./57), sous les ordres du Waffen Hauptsturmführer
Obitz, est dirigé sur Barkenfelde. Marotel : " Nous
montons vers Barkenfelde. Nos s.M.G de la 8e compagnie -toujours
commandée par l'Ustuf Colnion- en sommet de colline pour couvrir le
bataillon. Les mortiers de l'Unterscharführer Terrel sont en arrière".
Vers 15 heures, le II/57 est déjà aux prises avec
les Russes qui occupent la ville. Après de durs combats, Barkenfelde est
finalement reconquise.
A 19 heures le I./57
lutte pour Heinrichswalde qui est, elle aussi, occupée par les Russes. La troisième compagnie du Waffen-Untersturmführer
Counil, 20 ans seulement, atteint le centre de Heinrichswalde
mais celui-ci est tué alors que les Waffen-SS français doivent se replier
en arrière du village. La seconde compagnie du Waffen-Obersturmführer
Bartolomei isolée en couverture
au nord-est essuie un terrible tir de barrage d'orgue de Staline, le groupe
de combat du Waffen-Unterscharführer Bayle est positionné dans le
cimetière et reste bloqué. La compagnie Bartolomei est finalement contactée
par le régiment et reçoit l’ordre de rallier en direction de Bärenwalde.
La liaison entre des différents
bataillons et la division Lettonne n'est plus établie. C’est à la tombée de
la nuit que les Soviétiques attaquent, et les Français doivent reconstituer
une ligne de front au nord du village. Ils sont alors aidés par la
compagnie lourde anti-chars, armé de canon de PAK 75 du Panzerjäger-Abt.
du Waffen-Obersturmführer Krotoff,

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Le petit village de
Heinrichswalde avec son lac (vue nord-sud), tels que les hommes de Fenet
ont pu le voir.
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25 FEVRIER.
LE REGIMENT 57 DE DE
BOURMONT RECULE.
Les combats des
bataillons Fenet et Obitz vont continuer toute la nuit. Au
matin du 25 février, devant la poussée des Soviétiques, le Waffen-Hauptsturmführer
Obitz décide de se replier de nouveau en arrière de Bärenwalde, ce
qui met en péril le dispositif de défense français. La ligne de chemin de
fer Stettin/Konitz (Szczecin/Chojnice)
marque désormais la position des éléments du régiment 57 de de Bourmont.
Marotel : "La 8e compagnie est en position de l'autre côté
de la voie ferrée, le long du chemin bordant la forêt. Les mortiers de
Terrel sont à peu près juste derrière la gare, les s.M.G un peu plus loin".
Au niveau de
l’état-major, le SS-Brigadeführer Krukenberg prend alors définitivement
le commandement effectif de la division. Obitz commandant le II./57 est relevé de son commandement.
Le PC divisionnaire
est installé au nord-est du régiment 57, à Elsenau (Olszanowo). S’y
installe en protection la Wach- und Ausbildungskompanie du SS-Obersturmführer
Weber dont les hommes doivent rapidement bloquer une attaque massive de
chars : pas moins d’une vingtaine seront détruits, au Panzerfaust ou
par les tirs d’une pièce de PAK de la Wehrmacht. De nombreux rescapés
isolés des combats de Bärenhütte rejoignent la position du PC, mais à la
nuit tombée les Soviétiques submergent le point d’appui après de terribles combats
au corps-à-corps dans le cimetière du village. Quelques dizaines de
survivants, sous le commandement du Waffen-Obersturmführer Fantin
vont s’échapper vers le nord, pour rejoindre Gotenhafen (Gdynia) au nord de
Danzig. Le SS-Brigadeführer Krukenberg réussit à rejoindre
Flötenstein (Koczala, à environ 25 kilomètres au nord de Elsenau), nouveau
quartier-général du General Hochbaum. Weber et ses hommes en
prennent la direction, en passant par Stegers, ville où se trouvait
l’ancien QG.
Louis J. Levast : "Ce repli fut extrêmement pénible, nous
étions épuisés par une nuit sans sommeil et par la nature du chemin
marécageux, sans oublier le mitraillage venant de la route derrière nous,
servi par des T-34, accompagné de quelques obus ce fut un miracle que personne
ne soit touché, car la fatigue aidant, nous n'avions plus la force de nous
coucher et qui plus est de nous relever..."

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Le rustique mais redoutable T-34
ici armé d'un canon de 76mm. La compagnie Weber en détruira un certain
nombre en combat rapproché.
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L’école d'Elsenau,
dans laquelle une partie des hommes de Weber prendra ses quartiers. Elle
sera détruite par le tir d’un T34, tuant un camarade de Levast. A droite,
l’église du village qui existe toujours.
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L'engagement
du régiment 58 du Waffen-Sturmbannführer Raybaud
La nuit du 24 au 25
février a vu l’arrivée du premier bataillon du régiment 58 (I./58), commandé par le Waffen-Hauptsturmführer
Monneuse. Celui-ci prend position entre les deux bataillons du régiment
57, à la lisière sud des bois de Bärenwalde. Mais les attaques
soviétiques bousculent le sud des positions françaises, et force le
bataillon à se replier au coté des éléments de de Bourmont. Mises en
batterie au niveau de la gare de Bärenwalde, les pièces de PAK de Krotoff
et les obusiers de la compagnie lourde du régiment 57 du
Waffen-Hauptsturmführer Roy permettent de bloquer les attaques
russes une bonne partie de la journée. Mais en début d’après-midi, la ligne
de défense sur la ligne de chemin de fer est percée. Les Français doivent
se replier sur Bärenhütte (Biernatka) au nord-ouest de Bärenwalde, PC
temporaire du régiment 57. L’adjoint de de Bourmont, le Waffen-Obersturmführer
Artus, est alors tué en tentant de détruire un T34.
Le Waffen-Sturmbannführer Raybaud
débarque à son tour en début de matinée avec le reste du régiment 58, et
rejoint Bärenhütte qu’il organise en point d’appui. Les Russes sont
partout, et la liaison avec le PC de la division à Elsenau est coupée. Ce
sont les pièces de PAK du Waffen-Oberscharführer Gérard qui
remplacent celles détruites de Krotoff, mais la position des Français
devient intenable et vers minuit le décrochage général vers Hammerstein est
décidé. En passant par Geglenfelde (Wyczechy), le Waffen-Obersturmführer
Labuze est tué par des Russes embusqués dans le village.
Le I./57 Fenet
fait retraite vers Bärenwalde, mais après avoir découvert que le
village est aux mains des Soviétiques, il décide de se diriger vers
Hammerstein. Subissant les attaques de Sturmoviks, il atteint la ville au
soir en récupérant de nombreux isolés des combats.
Marotel est l'un de ces isolés : "Hammerstein...Nous
y arrivons pour voir des cadavres de civils et de vieux du Volkssturm qui
semblent être tombés à leurs postes à l'entrée du patelin. Nous ne nous
arrêtons pas"
Au soir du 25 février, le front n’existe
plus. Il n'y a pas de liaison radio entre les unités avec le commandement
du secteur, il n’y a pas d’appui d'artillerie, pas d'intervention de
blindés, pas de soutien aérien. Même la liaison avec les autres unités du
secteur, qui devrait être tenu par des volontaires lettons de la Waffen-SS,
s'avère vite impossible : la plupart des unités baltes, sévèrement
étrillées, sont en pleine retraite et doivent elles aussi se reconstituer
en arrière des troupes françaises.
26 février.
Puaud et ses trois mille hommes
parviennent à s'échapper de Barenhütte et retrouvent le bataillon Fenet
à Hammerstein puis repartent ensemble sur Neustettin, 20 kilomètres à
l'ouest. Dans cette ville le Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre, le
Waffen-Untersturmführer Fayard qui commande la Flak ainsi qu'une
centaine de soldats français s'y trouvent, principalement des éléments du
II./58. A la gare de Neustettin gare passent des
trains de blessés notamment celui des Français. Les canons sont arrivés en
même temps que Bassompierre mais les servants sont encore en route,
de Bohême-Moravie ! La compagnie de Flak, armée de ses 9 pièces de 37 entre
aussitôt en action.
La division "Charlemagne"
compte environ à ce jour 500 morts et 1000 disparus sans parler des
blessés.
27 février.
Les Français partent en direction de
Belgard (Bialogard) à 80 kilomètres de Neustettin pour une réorganisation,
les Russes étant aux portes de la ville.
Waffen-Unterscharführer André Bayle
: "soit plus de 50 km à effectuer dans les conditions les plus
difficiles, sans nourriture, sans eau. Nombreux sont ceux qui
s'effondreront d'épuisement, complètement vidés d'énergie. D'autres assez
rares, préfèrent renoncer et se mettre en civil, tels ces deux ex-miliciens
qui me disent qu'ils veulent me quitter. Ce que je leur accorde, mais en
conservant leurs armes. Je les retrouverai morts, au milieu d'autres
cadavres de civils, dans un wagon mitraillé"
Tôt le matin, La gare est attaquée par les soviétiques,
quelques Français qui venaient à peine d'embarquer sur le convoi avec
hommes et matériel, se battent au corps à corps mais arrivent à décrocher. Marotel
: "Réveil en fanfare ! la stridente déchirure des M.G., le
fracas de l'artillerie. Serait-ce le début de la fameuse contre-offensive ?
ça tire de partout! Autour de moi, les SS, déjà harnachés de pied en cape
sortent en courant". Le train blindé qui emmène les obusiers de la
division passe par Bublitz et Köslin (Bobolice et Koszalin) et débarque le
matériel à Kolberg qui servira à la défense de la ville.
Malgré tout à la demande du colonel Kopp
en charge de la défense de Neustettin des Français ont été rassemblés
pour constituer un bataillon de marche de 250 hommes placés sous les ordres
d'un militant PPF et officier d'ordonnance de la division, le
Waffen-Obersturmführer Auphan. Le bataillon composé de la
compagnie Flak Fayard, la 4ème compagnie de Tardan et la
compagnie de chasseurs de chars du Waffen-Oberscharführer Girard.
Ces 250 hommes doivent défendre une zone de 1200 mètres de long. Les
combats seront rudes mais les bataillons avec ses alliés de la Wehrmacht
tiendront toute la journée. Le Waffen-Obersturmführer Auphan et ses
hommes décrochent vers Bärwalde puis finalement vers Körlin. Encore une
fois des Croix de fer seront distribuées mais ils devront faire de nombreux
détours pour y arriver.
La division "Charlemagne"
arrive à Bad Polzin (Polczyn Zdröj) à pied et se dirige vers la mer
Baltique, direction Kolberg (kolobrzeg). Ranque : "Les gens,
ici, ne croient pas à l'arrivée des Russes; ils ne s'en font pas, croyant
sans doute à la victoire". Soixante-douze kilomètres vont être
parcourus en vingt-quatre heures. La route est glacée. Le vent souffle et
les rafales de neiges fouettent les hommes surchargés de matériel. Du
matériel est abandonné sur la route, des Waffen-SS Lettons les récupéreront
pour leur propre compte. La colonne française est mitraillée par l'aviation
Russe et Polonaise. Le Waffen-Oberführer Puaud rassure et encourage
ses hommes.

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Le village de Bärenwalde (vue sud-nord). Le village de
Bärenhütte est situé en haut à l’extrémité gauche du coin de la
photographie. Elsenau, PC de la division, est situé dans le coin opposé.
La ligne de chemin de fer Stettin/Konitz passe horizontalement de
l’ouest vers l’est au niveau de la lisière noire de la forêt. Le passage
à niveau et la gare se trouvent au croisement de la lisière et de la
route en diagonale qui part de Bärenwalde pour rejoindre Bärenhütte.
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Le Waffen-Obersturmführer
Fenet et son bataillon fait retraite vers Bärenwalde alors que le village
est déjà aux mains des Soviétiques. Lui et ses hommes partent alors vers
Hammerstein.
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Auphan sous l'uniforme de la LVF.
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Michel Auphan, né le 21 avril 1920.
Instructeur des aviateurs polonais en 39/40. Membre du PPF de Jacques
Doriot, il s'engage à la LVF dès 1941 où il devient lieutenant en 1943.
1945, Il est capturé en Poméranie puis part en captivité en Russie au camp
de Tambow. Rapatrié en France, il est condamné à 20 ans de travaux forcés.

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Les soviétiques s'emparent de
Neustettin. Le bataillon de marche du Waffen-Obersturmführer Auphan
quitte la ville par la route et la voie de chemin de fer.
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Neustettin vue du ciel en
1931. 250 Français resteront dans la ville pour protéger la retraite des
troupes de l'Axe dont la division "Charlemagne".
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LES CARTES.
Carte des
premiers combats en Poméranie, du 22 au 27 février 1945.

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Zone des combats
de la division Charlemagne (24-26 février). Les traits rouges soulignent
les principaux villages cités. En bleu foncé les quelques lacs proches
des positions françaises. En bleu clair la rivière Haaken. En orange
pointillé la ligne de chemin de fer Stettin/Konitz. En orange la gare de
Hammerstein (débarquement des unités) et la gare et le passage à niveau
du village de Bärenwalde (zone de défense le 25 février). Chaque longueur
de la zone quadrillée de la carte représente 10 kilomètres. A titre de
comparaison, les 4500 Français de la Charlemagne auraient eu à tenir une
ligne de front allant du quartier de la Défense à la Pyramide du Louvre
de Paris.
Neustettin (Szczecinek) se trouve à
15 kilomètres à gauche de Hammerstein en suivant la ligne de chemin de
fer. Toujours en suivant la ligne de chemin de fer sur une trentaine de kilomètres
mais cette fois par la droite, se trouve Schlochau (Czuchow) la capitale
régionale. Stegers (Rzeczenica) se trouve à 8 kilomètres au nord de Elsenau.
L’itinéraire
de la montée au front (24 février) du bataillon Fenet est indiqué en rose
foncé. L’itinéraire du décrochage le jour suivant se rapproche de la
ligne de chemin de fer Stettin – Konitz pour aboutir à Hammerstein.
L’itinéraire
violet représente la principale route utilisée par le reste de la
division Charlemagne : montée au front du bataillon Obitz jusqu’à
Barkenfelde le 24 février, le lendemain résistance à Bärenwalde puis près
de sa gare, quelques heures après résistance à Bärenhütte puis retraite
vers Geglenfelde puis Hammerstein. La position initiale du bataillon
Monneuse est située dans les bois au sud-est de Bärenwalde. Le PC de la
division ainsi que la compagnie d’honneur de Weber suivront
Krukenberg à Elsenau, puis feront mouvement vers le nord avec des
rescapés isolés des combats de
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Carte de la
retraite de la division jusqu'à Körlin

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La carte de la retraite du gros de la
"Charlemagne". Celle-ci passe par Neustettin-Bärwalde-Bad
Polzin pour finalement se reconstituer à Sternkrug et Boissin.
Certaines unités isolées des combats à l'est de Neustettin remontent au nord-est direction Danzig, d'autres comme l'unité
de Flak et la compagnie Tardan restent à assurer la retraite de la
division en combattant à Neustettin. Si la compagnie Tardan parvient à
retrouver la division en passant par Bad-Polzin et Belgard, la Flak de
Fayard suivra pour sa part la ligne de chemin de fer.
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Carte de l'OKH et situant le front en Poméranie. Le
26-02-1945, la Division Charlemagne, ici sous l'appellation de
"Rste. SS.FRW BR Charlemagne" est située aux alentours de
Köslin. La réalité est toute autre puisque les hommes de Puaud font
retraite vers Neustettin puis Bad-Polzin. Krukenberg se rendant pour sa
part à Köslin dans l'espoir de reconstituer la division. La ligne de
front étant définitivement trop proche, la division se reconstituera à
Sternkrug-Boissin.
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Vue
aérienne de Körlin lorsque celle-ci était allemande
1 -
Le pont par où arrive une grosse partie de la division, le bataillon
Fenet est resté cantonné du côté de Redlin. Ce pont est placé sous la
surveillance de l'auteur bien connu Christian de la Mazière, qui
deviendra l'agent et amant de la chanteuse Dalida.
2 -
Le PC du Waffen-Sturmbannführer Emile Raybaud qui deviendra par la suite
celui de jean Bassompierre, Waffen-Haupsturmführer. Le PC est aménagé
dans la mairie.
3 -
L'église Sankt Mickael où se cachent des francs-tireurs Polonais mais
aussi Français, des anciens prisonniers de guerre, un stalag se trouvant
à proximité de la ville.
4 -
Endroit où Emile Raybaud, Kampfkommandant de Körlin est grièvement blessé
par un tir de char soviétique. Dans cette rue, la Schlosstrasse
littéralement la "rue du château", le manoir est mitraillé par
les Russes qui pensent sans doute qu'il s'agit d'un point d'observation
important.
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Journées du 1 et 2 mars.
Ils arrivent en vue de Belgard
(Bialogard), Christian de la Mazière : "Nous n'avions que
peu de choses avec nous. De même que l'armement, le ravitaillement étaient
demeuré à Hammerstein"..."Accompagné de quelques-uns de
mes hommes, je décide, pour ma part, de faire une descente à Belgard.
Nous sommes bien accueillis par les quelques civils qui restent".
L'Inspektion allemande s'établit
dans une grosse maison à Boissin (9 km au sud de Belgard). Le
Waffen-Oberführer Puaud s'établit pour sa part à Kowanz, à l'ouest
de Körlin. Le reste de la division se réorganise dans une plaine gelée près
du hameau de Sternkrug. Les hommes fatigués dorment à même le sol, dans les
fossés. Les plus chanceux ont gardé leurs toiles de tente.
La division est constituée d'un Régiment
de Marche (R.M) aux ordres du Waffen-Sturmbannführer Raybaud comprenant
deux bataillons : Fenet qui est nommé Waffen-Hauptsturmführer et
Bassompierre. Un régiment de Réserve (R.R) aux ordres du
Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont. Enfin le PC divisionnaire
s'installe au château de Kerstin. La réorganisation plutôt rapide est assez
anarchique, la cohésion, les affinités sont détruites. Un bataillon entier,
le II./58 est affecté au Régiment de Réserve alors
qu'il n'a pas encore combattu !
L'ordre arrive, la division doit prendre
position autour de Körlin, le Régiment de Marche doit tenir la ville. Le
Régiment de Réserve, un peu plus au nord, doit s'établir le long de la
rivière Persante. L'axe principale menant jusqu'à
Kolberg doit rester ouvert pour permettre l'évacuation des civils et
des forces allemandes. De la Mazière : " Nous emportions un
maximum d'armement léger. Les fusils et les sturmgewher battaient notre
poitrine, nous faisaient ployer le cou. Le plus pesant, c'étaient les
mitrailleuses MG 42 qui, avec leurs bandes, faisaient tout de même vingt
kilos."
3 mars.
Le bataillon du Waffen-Hauptsturmführer Bisiau
arrive de Greifenbeg (Gryfice) et vient gonfler les effectifs du Régiment
de Marche. Le PC est situé sur la place principale, certainement la
mairie. En fin de soirée les Russes approchent du flanc ouest de la
division, des troupes sont signalées en direction de Kolberg. Le PC
déménage une nouvelle fois et s'installe à Körlin même.
4 mars.
A 2 heures du matin, les blindés
soviétiques qui montent vers Kolberg atteignent Gross Jestin, gros village
situé sur la route Schievelbein à Kolberg (à l'extrémité ouest du
dispositif de la division Charlemagne). Sur les lieux, il n'y a qu'une
seule compagnie de combat venu en renfort de Greifenberg; toutes les autres
unités étaient composées de gens de service. Le Waffen-Rottenführer
Sourlat : "Je vis en quelques secondes, un spectacle plutôt
cocasse : les premiers de chez nous, levant les bras, faisant face à
quelques soldats ennemis dans la même position ! Bien sûr, l'épisode fut
très court Le feu fût ouvert de part et d'autre, bien plus nourri en face
que chez nous grâce au nombre d'armes automatiques présentes." Les
Français parviennent en partie à s'échapper. Une colonne motorisée
d’environ 200 hommes commandé par SS-Sturmbannführer Katzian prend
la direction de l’Oder. Une partie des blindés de cette même unité, la 45e
brigade du 11e corps Blindé de la Garde, se dirige dorénavant sur Körlin.
Des unités soviétiques venant de Bad Polzin sont aussi signalées. La
division est donc menacée à l'ouest et au sud. "Vraiment, ça
commençait à sentir mauvais. Il ne restait plus qu'un mince couloir, au
nord-ouest, du côté de l'Etat-Major de Krukenberg."
Vers 12h00, le Kampfkommandant Raybaud
se dirige vers le pont sur la Persante à la sortie ouest de la ville, sur
la route menant à Stettin. Son intention était de rappeler aux pionniers de
ne pas le détruire précipitamment. Le Waffen-Sturmbannführer Raybaud
: « Lorsque je me trouvais aux abords du pont, les blindés étaient
seulement visibles à la jumelle, à deux kilomètres au moins de distance,
ils ne pouvaient être valablement identifiés, les avant-postes installés à
500 mètres sur un mouvement de terrain en avant du pont étaient toujours en
place, je les savais toujours là, avant qu’un obus éclatât dans la rue
conduisant au pont ». Il est gravement touché aux jambes et
remplacé par le Waffen-Hauptsturmführer de Perricot. De la
Mazière : " Les soviétiques, maintenant, arrivent en force. Ils
avaient commencé, à l'est, par tester nos défenses : elles tenaient
solidement. On pressent désormais qu'ils attaqueront par le sud-est. Les
défenseurs de Belgard, nous venions de l'apprendre, avaient cédé. Les
français, qui y combattaient aux côtés des allemands, se repliaient vers
Stettin, ils ne viendraient pas nous renforcer"
L'infanterie soviétique franchit la
Persante mais le I./RM du Waffen-Obersturmführer Fenet
contre-attaque (PC à Redlin). Les Russes reculent jusqu'aux lisières de la
ville, aux abords des forêts.
Dans la soirée la division reçoit
l'autorisation de se replier. Le général von Tettau dispose encore
d'environ 10.000 hommes (Charlemagne comprise) qui doivent percer à
l'Ouest. Le Général Rauss ordonne à la Charlemagne de se regrouper
près de Greifenberg, objectif : établir une nouvelle ligne de front. Le
décrochage doit s'effectuer vers Belgard qui, grâce au sacrifice d'un
bataillon du Korpsgruppe Munzel, tient encore.
Le I./RM Fenet
part avec l'Inspektion dont le SS-Brigadeführer Krukenberg
qui mène lui-même la direction. Le Régiment de Réserve du Waffen-Hauptsturmführer
de Bourmont avec le Waffen-Oberführer Puaud et son état-major
décrochent en second. Le II./RM du Waffen-Hauptsturmführer
Bassompierre doit constituer l'arrière garde. Enfin le Waffen-Hauptsturmführer
Remy formera l'arrière garde de l'arrière garde et seront donc les
derniers éléments de la division à décrocher.
5 mars
Entre 1 heure et 2 heure
du matin, les hommes du bataillon Fenet
arrivent devant Belgard. Il fait clair comme en plein jour. La ville brûle
partiellement. Les allemands de la Wehrmacht qui défendent cette cité
paisible transformée en place forte en sont maintenant au corps-à-corps.
Les rues sont encombrées de cadavres et de véhicules abandonnés, sur qui
les maisons s'écroulent. Guidé par le SS-Brigadeführer Krukenberg,
le bataillon Fenet poursuit sa route au sud-est, là où les couverts
sont silencieux et profonds...direction le dépôt de Greifenberg. Derrière
eux, les trois autres bataillons ne tardent pas à les suivre.

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Le Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre lorsqu'il
était en Russie sous l'uniforme de la LVF.
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L'église de Körlin où se cachent quelques
francs-tireurs Polonais et Français d'un stalag. A droite sur la photo,
presque invisible, la mairie qui sert de PC au Waffen-Sturmbannführer
Raybaud.
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Le Waffen-Sturmbannführer
Raybaud lorsqu'il était professeur tactique à Uriage. Il est grièvement
blessé à Körlin et évacué sur Kolberg.
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"Entre le débarquement de la division en gare
d'Hammerstein et le 5 mars 1945, les pertes de la division s'élevaient à
600-700 hommes". Témoignage
de Jean Marie de Vaugelas
Fin du Régiment
de Réserve (RR)
Vers 1 heure du matin, le
Waffen-Oberführer Puaud décide enfin de rattraper l'avant
garde mais dès le départ de Körlin, le régiment de réserve prend un retard
considérable. Ils sont plus de deux milles hommes qui piétinent dans la
neige fondue que des gradés essaient de former par sections et compagnies.
Le moral n'y est plus.
Le Régiment de Réserve contourne Belgard,
certains pénètrent dans la ville en éclaireur mais rebroussent vite chemin,
les Français négligent les forêts. Les hommes du Waffen-Hauptsturmführer de
Bourmont profitent du brouillard pour traverser une énorme plaine
vallonnée. Le brouillard pourtant épais se dissipe très vite, ils sont
encerclés de partout ! La colonne de Bourmont est anéantie peu après
8 heures du matin, sans munitions par une formation russe armée de
fantassins, de tanks et d'artillerie lourdes. Le Waffen-Oberführer Puaud
blessé à la jambe ainsi que le Waffen-Hauptsturmführer de Bourmont disparaissent,
morts.
Un survivant du massacre : "Quelques
trois mille hommes, se trouvaient par un matin froid et pluvieux dans une
forêt de pins, près de Belgard. Au lever du jour, notre groupe s'engagea
dans une plaine couverte de neige. Les hommes harassés marchaient en files
espacées d'une quinzaine de mètres. On s'apercevait à peine, à cause du brouillard
et de la neige qui tombait dru. Elle cessa soudain, et le soleil apparut,
chassant la brume. Aussitôt retentit un tapage infernal, se déclenchant à
chaque extrémité de la forêt : les Russes étaient là. Pris entre deux feux,
les soldats tombaient ou tentaient de fuir, qui en arrière, qui en avant.
Des officiers essayèrent de rassembler leurs troupes, mais ils tombèrent
eux aussi...Les tirs russes se concentrèrent rapidement sur nous. Fusils,
mitrailleuses, canons légers, canons lourds, mortiers nous prenaient pour
cible, la neige volait, déchirée et noircie par les explosions. Trop
fatigués pour courir, trop énervés pour nous coucher, nous marchions sans
cesser de tirer, nous relayant pour porter la mitrailleuse et
l'approvisionner...Peu à peu les tirs se firent moins denses, et nous avons
pu atteindre l'orée de la forêt. En me retournant, je vis que la plaine,
blanche quelques instants plus tôt, était devenue noire. Des chars ennemis
et des troupes à pied la sillonnaient achevant les blessés."
Le SS-Brigadeführer Krukenberg :
"Je suis parti avec le bataillon d'avant-garde, celui que
commandait le Hauptsturmführer Fenet,
un de nos meilleurs officiers, qui s'était déjà distingué en Galicie et
devait commander les Français à Berlin. J'avais dit aux autres, restés sous
le commandement de Puaud : "Marchez la nuit mais cachez-vous le jour
dans les forêts." Ils ont fait le contraire ! Alors nous sommes passés
à quinze cents sur six mille..."
Jacques C, grenadier au R.R " Il
est faux de dire que Puaud nous a fait marcher à découvert alors qu'il
fallait se dissimuler. En fait, Körlin se trouve dans la plaine et il
fallait faire au moins une dizaine de kilomètres pour trouver une forêt de
quelque importance. Le fait qu'il nous ait fait quitter la ville à l'aube
en profitant du brouillard prouve parfaitement ce qu'il faisait. En fait,
le drame s'est joué lorsque nous avons atteint les bois. Ceux-ci n'étaient
pas vides comme nous le pensions, ils dissimulaient un détachement blindé.
Ces blindés sont alors sortis du bois et l'ont encerclé. Nous étions
totalement désarmés, certains sans armes, tous sans munitions. Toute
résistance était impossible".
La surprise semble effectivement venir
des bois, un autre témoignage : " Après avoir contourné Belgard,
nous arrivons au trop grand jour dans un bois où à peine installés nous
recevons des obus. Débandade des hommes et chevaux sur un plateau où
canons, chars, mitrailleuses tirent trop haut exprès, Dieu merci."
Le Waffen-Obersturmführer Multrier,
chef de la défense passive de la division : " Le général Puaud,
blessé à la jambe, se trainait péniblement sur la route. Un sous-officier
français le rencontre et l'installe sur le siège d'une motocyclette. Mais
ils sont attaqués par des tireurs russes. le général Puaud est à nouveau
blessé. Trop grièvement pour continuer la route. Approchant de Greifenberg,
le sous-officier dépose son chef dans un hôtel et l'installe dans une salle
du rez-de-chaussée, où se trouvent déjà d'autres blessés. Puis il s'éloigne
à pied. ce sous-officier reviendra le lendemain, en civil, alors que les
Russes se sont emparés de la ville. Il constate alors que la salle du
rez-de-chaussée de l'hôtel où il a déposé le général Puaud est vide. mais
que le sol et les murs sont tachés de sang."
Fin du IIe Bataillon de Marche (II./RM)
assurant la retraite de la division.
Le II./RM du
Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre tient encore Körlin. "Six
heures, douze heures, vingt-quatre heures...on tenait toujours."
mais "Le soir tombé, cependant, nous avons compris que la fin
approchait. Les Russes, qui attaquaient de tous les côtés à la fois, nous
réduiraient le lendemain. Notre effectif avait subi une lourde saignée: de
sept cent cinquante, nous n'étions plus, environ, que trois cent cinquante".
Le bataillon s'échappe par la voie ferrée à l'est de la ville. Les Russes
sont partout, à la lisière des forêts, sur les grands axes. Le
bataillon est rapidement dispersé, anéanti malgré toute l'énergie et le
courage des hommes. Le Waffen-Hauptsturmführer Bassompierre est
capturé par les Russes le 17 mars. Il est successivement interné à
Arnwalde, Posen, Walka en Estonie puis Tabs près de Leningrad, Sigeht en
Roumanie puis enfin en avril 1946 à St Florentin en Autriche.
Robert B.. du
Bataillon Bassompierre raconte sa tentative de percée : "Je n'ai
jamais perdu l'espoir; nous y étions encouragés par les bruits de combat,
lointains pour certains, que nous percevions fort bien : Dantzig, au nord,
Kolberg à l'ouest, d'autres secteurs à l'est. A la longue, un certain vide
dans la tête, une faiblesse croissante mais un vouloir-vivre toujours
présent."

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Soldats du II./RM
Bassompierre capturés après la tentative de percée, entre Kolberg et
Alt-Bork . On remarque deux Waffen-Untersharführer dépouillés de leurs
manteaux, certainement pour la photo et la nécessité de montrer les runes
SS (photo Jozef Rybicki)
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La
carte de la Percée du I./RM et de L'Inspektion
allemande, effectuée du 04 mars à 23 heures au 13 mars 1945 au soir. Le
trajet entre Belgard et Falkenberg n'est pas établi car il n'est pas
connu avec certitude. Il n'est pas possible non plus de faire un tracé
continu, le bataillon ayant pris des chemins, traversé des forêts et des
plaines. Les croix représentent les villages où les Français sont passés.
Les carrés avec croix, là où ils se sont battus pour se frayer un chemin.
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5 mars 1945
Le bataillon de marche "Fenet"
passe à l'ouest de Belgard, la ville résiste encore mais les Français ne
s'attardent pas. Ils dépassent le village de Denzin puis approche de
Boissin. Il faut à tout prix éviter Standemin qui semble déjà aux mains des
Russes. Le bataillon doit suivre le cours de la Persante et surtout éviter
l'accrochage. Avec le levé du jour , le I./RM
quitte les routes pour s'enfoncer dans les forêts. Des postes de
surveillances sont disposés, les hommes peuvent dorénavant faire une pause.
Des patrouilles sont envoyés en avant garde, ils vont reconnaître les
chemins, se renseigner auprès des paysans, savoir où sont les Russes. Les
nouvelles ne sont pas bonnes, les soviétiques occupent les routes et des
soldats à cheval sont signalés dans les sentiers forestiers.
La colonne reprend sa marche, si la route
Rambin-Belgard est gardée, les Français trouve par chance une faille dans
le dispositif ennemi. Des MG42 sont mises en batterie et le bataillon
parvient à passer la route sans dommage. Dans l'après-midi, l'avant-garde
du bataillon retrouve des éléments isolés de la section de transmissions et
de pionniers du régiment 58 , unité sous le
commandement du Waffen-Untersturmführer Laune.
La nuit approche, Stolzenberg est
contourné, les Russes l'occupent bruyamment à coup de rafales d'armes
automatiques, de cris et de musique. L'alcool est célébré. Le village de
Falkenberg est traversé, les Français constatent des carcasses de chars,
des cadavres Russes et Allemands.
6 mars 1945
Schlenzig, il est 4h00 du matin lorsque
le bataillon fait une pause de trois heures. Ils repartent vers 8h00 du
matin mais rapidement les paysans renseignent le SS-Brigadeführer Krukenberg,
"Greifenberg est encerclé !". L'objectif de rejoindre le
dépôt de la division semble irréalisable. La colonne repart en direction de
Petersfelde, le village est parsemé de drapeaux blancs. Meseritz est
atteint dans la nuit, le bataillon fait enfin jonction avec des éléments du
corps d'armée du général Munzel. Les Français cantonnent dans le
parc du château.

Vue
aérienne de Meseritz. Henri Fenet se voit remettre la Croix de Fer de 1re
Classe.
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Le Waffen-Obersturmführer Fenet se voit
remettre la croix de Fer de 1re classe. Le bataillon est réorganisé
en quatre compagnies de marche, soit 700 à 800 hommes au total.
7 mars 1945
Tôt le matin, le I./RM
se remet en marche et atteint Pinnow puis Nabelfitz. La contre-attaque
sur Greifenberg étant définitivement annulée, Cammin est le nouvel
objectif à atteindre. Le bataillon arrive au village de
Wendisch-Pribbernow dans la soirée. La météo ne s'arrange pas, en plus du
froid un mélange de pluie et de neige s'abat sur les épaules.
8 mars 1945
Encore une fois les nouvelles tombent :
Cammin est déjà aux mains des Russes ! L'objectif est une nouvelle fois
modifié, il s'agit purement et simplement d'atteindre la baltique qui est
toujours sous la protection de la Kriegsmarine. Les Russes tiennent les
carrefours et les villages, la bataillon n'a plus
le choix : il faut forcer le passage à Gorke et Woedtke. Violents
combats, des blessés, des morts, des explosions et crépitements de
Mitrailleuse mais la colonne française passe. Le I./RM
atteint Zappen tard dans la nuit. Les Français s'y établissent pour la
nuit, les maisons sont réquisitionnées.
9 mars 1945
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La colonne repart dans sa longue et
épuisante marche. En fin de soirée la baltique, avec ses bateaux de guerre,
est en vue. les Français cantonnent au petit port de pêche de Horst. Le
général von Tettau a réussi à établir une tête de pont le long de la
Baltique avec les Division "Holstein", "Pommernland",
la 15e division SS Lettone et I./RM de la
Charlemagne. Les soviétiques renforcent leurs troupes pour anéantir le
groupe de von Tettau et édifient des verrous de défenses face aux
tentatives de percée vers l'ouest.

Le Panzerschiff
Admiral Scheer appuie efficacement les troupes qui tentent la
percée. Ce magnifique bateau sera détruit le 9 avril 1945, lors d'un
bombardement sur Kiel.
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11 mars 1945
Une fois de plus le bataillon ainsi
qu'une partie du groupe von Tettau sont menacés d'encerclement. Toutes
les forces disponibles coordonnent leurs forces pour une percée vers
l'ouest, le long de la Baltique. Le I./RM est
divisé en deux : une avant-garde et une arrière-garde, entre les deux,
10.000 réfugiés civils. Les Français et les autres divisions sont aidés
par deux bateaux de la Kriegsmarine, le Panzerschiff Admiral Scheer et le
torpilleur "T 33". L'artillerie marine de l'île de Wollin appuie
de ses canons la percée. Cet appui d'artillerie a l'ordre de pilonner le
haut des falaises où se trouvent les Russes mais aussi quelques points de
résistance sur la plage. C'est un bataillon de fusiliers de la
Panzerdivision "Holstein" et le régiment d'élèves officiers de
Gross Born qui à la mission d'ouvrir la marche aux civils protégés par
les Français du I./RM.
Le Waffen-Hauptsturmführer Roy
avec quelques Tiger et Panther de diverses divisions tiendront tant bien
que mal le haut des falaises, des parachutistes l'aideront notamment dans
sa tâche. Les combats sont redoutables, le plus souvent à l'arme blanche,
au corps à corps. Durant la percée le Waffen-SS Foucault du Plessis
Robinson dans les Hauts-de-Seine perd la vie, son corps n'est retrouvé que
60 ans plus tard.
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12 mars.
Dievenow est enfin en vue. Le I./RM et l'Inspektion allemande franchissent
l'Oder sur quelques bateaux et arrivent enfin à Korlzow sur l'île de
Wollin, puis le lendemain à Swinemünde, la veille, la ville a subit une
attaque aérienne faisant plus de 20.000 morts. La campagne sanglante de
Poméranie vient de se terminer. Le même jour à midi, le communiqué de
guerre de la Wehrmacht publie le compte rendu suivant "...Sur la
côte de la Baltique, dans la tête de pont de Dievenow, un important groupe
de force armées allemandes, a opposé une résistance acharnée sans esprit de
recul à de très importantes forces soviétiques..". Les restes de 5
divisions ainsi que plus de 10.000 civils viennent de se libérer de l'étau
soviétique.

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Le médecin du I./RM, Anneshaensel, est gravement blessé sur la plage
lors de la percée de Dievenow. Il est porté disparu.
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Gilbert Gilles, décédé en 2010. Prisonnier de guerre
en Stalag est volontaire en 1944. Il est blessé aux jambes lors de la
percée de Dievenow et est évacué.
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Erkennungsmarke retrouvée en
Poméranie et appartenant à un Français de la Waffen SS. Différente de
celle d'un volontaire de la LVF on peut penser qu'il s'agissait d'un
ancien de la Sturmbrigade.
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SS-Sturmbannführer Karl Auer
commandant la I./SS-Polizei-Panzergrenadier-Regiment
8. Ici avec le grade de SS-Haupsturmführer
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SS-Obersturmbannführer Otto
Prager commandant le RGT 7 de la Polizei. Ici avec le grade de
SS-Sturmbannführer
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Waffen-Hauptsturmführer Martin
lorsqu'il était sous-lieutenant du IIIe Bataillon LVF en 1942. Après de
durs combats défensifs, il arrive à évacuer le reste de son bataillon par
voie de mer en direction du Danemark.
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Waffen-Hauptsturmführer Obitz,
commandeur du II/57. Ancien officier
de la LVF il est blessé à Stolp et disparait en mer lors de son
évacuation sanitaire.
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Si Joukov et le 1er Front de Biélorussie
continue sa progression vers l'ouest, après avoir laissé la prise de
Kolberg aux forces polonaises, Rokossovski et le 2e Front de Bielorussie
poursuivent la lutte vers l'est, en longeant la Baltique, l'encerclement de
Gotenhafen-Danzig. Le chemin fut vite parcouru; de Kolberg-Köslin à la baie
de Danzig, Rokossovski ne mit que dix jours. Malgré tous les soviétiques
épuisés par les combats ne peuvent lancer l'assaut final contre la poche,
le général soviétique Batov "Nos divisions ne disposaient que de
40% de leurs effectifs. Nous faisions ratisser nos hôpitaux de campagne
pour inciter les blessés légers à reprendre le combat."
Les français du
Bataillon Martin
POur ce chapitre
nous lirons : Mourir à Dantzig de Jean Mabire
Le 27 février 1945, suite aux combats de
Barenwald et Elsenau quelques isolés de la Division Charlemagne ne
peuvent participer au regroupement sur Neustettin et sont rejetés sur la
grande poche de Danzig. Beaucoup de ces hommes appartiennent à la 1ère
compagnie du régiment 58 sous le commandement du Waffen-Obersturmführer
Fantin, des anciens de la LVF et du 2ème bataillon du régiment 57 du
Waffen-Hauptsturmführer Obitz. A Schlawe (Sławno) ils
retrouvent le Waffen-Hauptsturmführer Martin qui, avec ses hommes,
vient juste de débarquer d'un train venant de Josefstadt en Bohème.
Le Waffen-Hauptsturmführer Obitz
rassemble environ 300 hommes de son bataillon auxquels se joignent une
centaine d'artilleurs, conduits par le Waffen-Hauptsturmführer Martin.
Ils sont maintenant environ 500 Waffen-SS français.
Le 4 mars 1945, ils forment donc une
Kampfgruppe mise à la disposition de la 4.
SS-Polizei-Pz.Gren.Division. Le 5 mars, le train qui embarque
les Français arrive en gare de Stolp (Słupsk). Un chasseur-bombardier
Sturmovik passe alors à l'attaque, le résultat est désastreux : 50 hommes
sont tués, dont le Waffen-Untersturmführer Colnion commandant la
8/57. Obitz est gravement blessé par cette attaque, le 12 mars
il est évacué par mer du port de Gotenhafen (Gdynia) mais son bateau est torpillé par un sous-marin, il
trouve la mort avec l'équipage et les passagers. Le Waffen-Hauptsturmführer
Martin prend aussitôt le commandement et forme un Erzatz-bataillon à
trois compagnies de 120 hommes chacune.
Le 6 mars, le bataillon Martin arrive à
Neustadt, toujours en train. Ils occupent des positions défensives,
dans la région au nord de la ville, dans trois villages. Une quarantaine
d'autres Français isolés après les combats d’Elsenau les rejoignent. Les
soviétiques qui ne peuvent prendre tout de suite Neustadt décident de
contourner la ville vers le nord, sur les Français.
Le 7 mars, l'armée rouge passent à
l'attaque. 1/3 des français succombent aux attaques des chars. Les
survivants tentent de se replier vers l'est, sur Danzig guidés par la
lumière des phares. Les Français rejoignent enfin la ville après avoir été
encerclés. Par méprise les Allemands assurant la route principale
Danzig-Hela leur tirent dessus aux canons de Pak.
Cantonnée dans une école, l'unité
française est encore forte de 250/300 hommes mais si les 2/3 sont encore
valides, seul 1/3 ont encore des armes ! Ils sont épouillés puis rééquipés.
Ils prennent un peu de repos dans des logements.
le 20 mars, le bataillon Martin remonte
en ligne en direction d'un terrain d'aviation dans la région de Gotenhafen.
Ils sont avec des Hongrois, Lettons, Italiens, Hollandais...tous Waffen SS.
Les Français ne comptent que 2 compagnies. Ce bataillon est disposé en
défense derrière les troupes allemandes et lettones.
le 31 mars, les Russes sont face aux
Français après avoir enfoncé les deux premières lignes. Le 1 avril, les T34
entrent en action mais ils sont écrasés par les canons de 88 et trois
blindés type Tiger. Les Russes repassent à l'attaque mais cette
fois-ci les positions du bataillon sont enfoncées. Une centaine de
français périssent, le bataillon est disloqué.
L'ordre de repli est arrivé. Le 2 avril,
les survivants sont transportés par mer dans la presqu'île de Hela où
s'entassent près de 480 000 personnes. Ils rejoignent le 5 avril Copenhague
au Danemark. Dans la soirée même ils prennent un train pour Hambourg. Ils
finissent finalement par rejoindre le reste de la division à Neustrelitz,
le 10 avril 1945. Ils ne sont plus qu'une centaine.

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Mémorial des combats de Gotenhafen représenté par un
char soviétique type T-34/85.
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Une rue de Gotenhafen. Sur la façade de cette maison
qui a connu les combats nous voyons une multitude d'impact de petit
calibre qui est la preuve d'une certaine résistance. Plus intéressant
encore, la flèche faite à la peinture blanche indiquant l'accès à un
abri, la maison en question.
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Le 4 mars, les chars soviétiques de la
45ème Brigade blindée de la 1ère Armée de la Garde du Général Katoutov sont
aux portes de Kolberg. Devant la résistance des forces allemandes, les
Russes se retirent en laissant une seule division d'infanterie (la 272e) et
ordonnent aux deux divisions polonaises du Général de Brigade Karakoz de
prendre la ville, elles seront renforcées à partir du 12 mars 1945. Si les
Polonais ont la charge de prendre Kolberg il faut savoir que tous les
officiers du grade de commandant et au-dessus sont des officiers de l'Armée
Rouge sous uniformes polonais.
Le port forteresse de Kolberg est situé
sur la côte Baltique à 150 km à l'ouest de Danzig. La ville qui en temps
normal compte 35 000 habitants est encombrée de 50 000 réfugiés, qui,
venant de Danzig et de l'est, espèrent gagner Stettin par train ou bateau.
Ces réfugiés, femmes, enfants, vieillards vivent sur les charrettes,
stationnées dans la rue, ou sur les bancs des églises. Les derniers trains
partent de Kolberg le 7 mars, les derniers bateaux le 18 mars. Près de 128
582 réfugiés purent embarquer vers l'ouest.
Les Français de
la compagnie Ludwig.
POur ce chapitre
nous lirons : "La longue marche" d'Emil Marotel (éditions Artic)
ainsi que "Kolberg !" de Henri Mounine
(Editions de l'Homme Libre).
La compagnie de marche du
SS-Obersturmführer Ludwig appartenant au bataillon de renfort du
Waffen-Haupsturmführer Bisiau est partie quelques plus tôt de Greifenberg
pour renforcer la division à Körlin. La compagnie Ludwig ainsi que des
centaines d'isolés du Régiment de Reserve de la division se retrouvent à
Kolberg depuis l'effondrement des positions tenues sur les
bord de la Persante. Les témoignages sont tirés du livre d'Emile
Marotel.
Emile Marotel : " Plus
nous approchons de Kolberg, plus il y a de cadavres le long de la route,
allemands et russes fraternellement mêlés. Certains sont empilés comme des
planches. Mais la plupart sont restés comme ils sont tombés."
Depuis le 4 mars quelques Français isolés
tentent de rejoindre le port sur la Baltique, ils sont près de 500 mais 300
ne sont plus en état physique ou psychologique de se battre. Pour la
défense de Kolberg, les Français de la division "Charlemagne"
forment alors une compagnie de 200 hommes sous les ordres du
SS-Untersturmführer Ludwig, un ancien de la LVF et un autre
SS-Untersturmführer, Büeler de nationalité suisse. Cette compagnie
est regroupée au sein du Bataillon de Marche du Leutnant der reserve Alfred
Hempel, qui comporte au final 5 compagnies. Ce bataillon Hempel va
renforcer le bataillon de Marche de la Kriegsmarine du Korvettenkapitän Prien.
Les Français inaptes prendront des pelles et renforceront les barricades.
Ce sont pour la majorité des téléphonistes, conducteurs etc. certains sont
même vétérans de la Grande Guerre. Ils sont réunis au Casino en attendant
leurs évacuations par mer.

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La mairie en 2008, celle-ci
servait de PC à L'Oberst Fullriede. Ludwig
terrassé par l'épuisement aura l'ordre de laisser sa compagnie à Büeler
et de rester auprès de l'oberst à la mairie.
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Kolberg quasiment détruite. De
nos jours il ne reste pratiquement plus rien de cette ville-forteresse
chargée d'histoire.
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L'attaque polonaise est lancée le 7 mars,
la ceinture extérieure de défense est percée trois jours après. Le 10 mars,
la compagnie Ludwig avec 2 sections (Büeler et Francke) contre-attaque vers
le cimetière en subissant les tirs de mortiers de 120 puis viennent ensuite
les blindés. "Nous allons nous battre au cimetière où je retrouve
des Français qui viennent, je crois, de Greifenberg...Nous atteignons le
cimetière juste pour nous faire dérouiller par un feu carabiné. Je revois
encore ce joli petit soulier de bal, blanc et un peu moisi, arraché à sa
propriétaire dormant sous cette terre que nous défendons pas à pas, et de ce
bras arraché d'où sortent les os de la main. Le bombardement mélange morts
et vivants en un grand bal fraternel ! Les hommes vident toutes leurs
bandes de M.G et les chargeurs de M.P. Les mortiers en arrière manquent
d'obus. Mais rien n'y fait, nous sommes rejetés du cimetière."

L'un
des 4 Panzer IV disponible pour la défense de kolberg. Il appartenait au
Groupe blindé Beyer constitué de 8 blindés de la division
"Holstein" se trouvant à Kolberg pour cause de réparation.
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"Durant
la journée du 9 mars dans la ville de Kolberg, l'ennemi, à l'aide du bataillon
de forteresse "Kolberg", des débris ayant réussi à se dégager
de l'encerclement provenant du 10e Corps d'Armée SS, de la division
Bärwalde et de la 33e division d'infanterie SS, a opposé une farouche
résistance à nos unités dans les quartiers au Nord-est de la ville"
Bulletin
d'information N°51 de l'Etat-Major 1re Armée polonaise
Le 12 mars, la seconde ceinture de
défense est attaquée. Le 14, les Polonais pénètrent le centre-ville
tandis que la 6ème division s'approche du port. Les combats se font au
corps à corps, les défenseurs allument des incendies. "Nous
faisons surtout de la guérilla, la guerre du pauvre, mais c'est tout ce
que nous pouvons faire. Ce qui ralentit quand même Ivan et permet aux
derniers civils d'embarquer". Dans les caves, les enfants
meurent de faim ou de soif : plus d'eau, ni de lait. Des adultes, trop
vieux pour affronter la rue ou trop frappés par les bombardements, se
suicident. Kolberg brûle mais ne se rend pas. Un bataillon de renfort
allemand débarque même le 15 mars, il s'agit du bataillon de Mitrailleurs
de Forteresse 91 qui arrive de Stettin.
Le 17 mars, la compagnie Ludwig est
réduite à 33 hommes, les Français désarmés qui s'étaient réfugiés au
Casino sont appelés en renfort. Malheureusement, la section à peine mise
sur pied est anéantie en quelques instants par une bordée de roquettes :
il n'en reste que 4 survivants. Les autres sont évacués sur les bateaux.
La compagnie Büeler organise une
contre-attaque désespérée puis sont relevés par des Allemands. Le 18 mars
au matin, les survivants peuvent s'embarquer sur des vedettes, le
lendemain ils débarquent au port de Swinemünde. Les derniers
éléments du Bataillon Hempel dont le lieutenant Hempel lui-même,
embarquent sur le destroyer Z43 à 6h30 du matin ce même 18 mars. Kolberg,
détruite, défigurée devient polonaise.
L'Oberst Fullriede est fait
chevalier de la Croix de Fer des mains d'Adolf Hitler le 26 mars
1945. Quelques milliers de réfugiés seulement tombèrent aux mains des
Russes ou Polonais, ainsi que 2300 combattants blessés ou laissés pour
morts.
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L'Oberst Fritz Fullriede nommé
par Heinrich Himmler arrive le 1er mars 1945 à Kolberg. Il devient le
Festungkommandant de la ville.
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SS-Untersturmführer Ludwig ici
sous l'uniforme de la Légion des Volontaires Français contre le
bolchevisme.
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Des prisonniers emmenés par les
Polonais, y a t-il des Français ?
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Le SS-Untersturmführer Büeler,
de nationalité suisse, succède à Ludwig et prend le commandement de la
compagnie française.
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Plan de la Bataille. (Cliquer
sur l'image pour une taille téléchargeable)
Les forces en présence
Côté allemand :
Régiment
d'Instruction de la 3e Armée Blindée du Colonel Woller. 7 compagnies du
Marine-SA du Standartenführer Pfeiffer. Bataillon de Marche de la
Kriegsmarine du Korvettenkapitän Prien. Groupe de D.C.A Heinzel
avec 15 pièces de Flak. Groupe d'artillerie Schleife avec 8 obusiers de
105. Groupe blindé Beyer avec 8 blindés de la division
"Holstein". Bataillon de Marche Hempel dont 1 compagnie de
Français de la division "charlemagne". Bataillon de
mitrailleurs de forteresse 91 (à partir du 15 mars)
Côté soviéto-polonais :
6e
Division d'infanterie (14,16, 18 Régiment d'Infanterie). 3e Division
d'Infanterie (7,8,9 Régiment d'Infanterie et 13
canons d'assaut type SU-76). 4e Division d'Infanterie (10,11,12 Régiment d'Infanterie et 10 canons d'assaut
type SU-76). 4e Régiment de chars lourds (14 chars JS-2). 2e Brigade
d'Artillerie (58 obusiers de 122). 3e Brigade d'Artillerie (60 obusiers
de 122). 5e Brigade d'Artillerie Lourde (36 canons de 152)
Russe
: 45e Brigade blindée de la Garde. 272e Division d'Infanterie du 134
Corps de Tirailleurs. 6e Brigade d'Artillerie de Leningrad (lance-roquette
de 300mm)
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Comme nous l'avions lu précédemment
dans "La percée du I./RM Fenet l'Inspektion
allemande", les restes de la division sont arrivés à Swinemünde le
13 mars 1945. Trois jours plus tard, le 16 mars, les 724 hommes arrivent
à Jargelin où sont stationnés depuis une bonne semaine à vrai dire depuis
le 8 mars, les rescapés de Gross Jestin et la compagnie d'Honneur. Des
promotions sont distribuées, Labourdette, adjoint du
Waffen-Haupsturmführer Fenet est nommé Waffen-Untersturmführer.
Des Croix de fer sont distribuées, certaines à titre posthume.
Le 21 mars, le départ est annoncé pour
le Mecklembourg mais les trains manquent et c'est à pied qu'ils devront faire
le trajet jusqu'à Carpin, village situé 75 km plus au sud. Sur la route
ils sont précédés par les volontaires Lettons qui brûlent
accidentellement un baraquement où devaient dormir les Français. La
colonne arrive trois jours plus tard, le 24 mars à Carpin, à une
dizaine de kilomètres à l'est de Neustrelitz.
Le 25 mars, la division qui
numériquement n'en était plus une, est réorganisée en un régiment, le Französisches Freiwilligen-Sturm-Regiment der SS
"Charlemagne". Ce régiment comprend deux bataillons de
grenadiers et un bataillon lourd auquel il faut ajouter les sections de
génie, transmissions etc.
QG de l'Inspektion allemande :
Carpin, dans une grosse ferme.
Compagnie d'Honneur :
Georgenhof puis Ollendorf dans un manoir.
Bataillon 57 du Waffen-Hauptsturmführer
Fenet : Bergfeld dans une Gusthauf et ses hommes à proximité, dans
des fermes.
Bataillon 58 du Waffen-Obersturmführer
Géromini : Grünow, le P.C. du bataillon 58 se situe dans une imposante
maison en brique.
Bataillon lourd du Waffen-Sturmbannführer
Boudet-gheusi : Goldenbaum
Le peloton de Police du SS-Obertsturmführer
Goerr : Thurow
Avec cette nouvelle structure
l'entraînement peut reprendre même si chez certains le moral est
totalement cassé. En attendant le régiment est réquisitionné pour ériger
des barrages et fossés antichars, une corvée qui n'est pas
particulièrement appréciée.
Louis Levast de la compagnie
d'Honneur : "A peine installés, nous avons été
réquisitionnés pour des travaux de terrassement de fossés antichars, et
lors des rares pauses pour l'exécutions d'exercices de tirs fictifs avec
appréciations des distances et descriptions des objectifs, n'ayant pas
encore reçu d'armes, et assortis de manœuvres en campagne.". En
effet les survivants de Poméranie, quittant le front, ont dû rendre leurs
armes en débarquant à Swinemünde.
La
carte ci-contre nous montre le trajet de la division à travers le
Mecklembourg. Nous savons que dès le 8 mars la compagnie d'Honneur,
séparée de la division depuis les combats d'Elsenau, cantonne à Jargelin
où le reste de la division doit les rejoindre.
21
mars 1945. Le départ pour Carpin commence assez mal puisqu'il n'y a plus
de trains à Anklam. La grande salle d'une auberge est réquisitionnée à
Schwerinsburg pour y passer la nuit.
22
mars, ils reçoivent du ravitaillement à Sarnow. Plus tard, la compagnie
divisionnaire passe la nuit à l'école de Schönbeck.
23
mars, les volontaires reprennent la route et alors qu'ils se reposent
dans le village de Bredenfelde ils sont survolés par deux avions ennemis,
il est environ 16 heures. Ils passent la nuit à Stolpe, le ventre plein.
24
mars, la division arrive à destination.
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Emil Marotel : "la vie de camp reprend ses droit avec ses
corvées, ses tours de gardes, rassemblements et rapports. Toutes choses qui
nous semblent sans intérêt après la vie que nous venons de mener"
Le SS-Brigadeführer Krukenberg envoie le
SS-Obersturmbannführer Hersche à Wildflecken, sa mission est de
ramener les 1200 hommes sous forme d'un Régiment de Marche encore stationnés
dans le camp, où l'on retrouve notamment les survivants de Kolberg. Comme
nous le verrons par la suite la mission échouera.
SS-Brigadeführer Gustav Krukenberg
: "De la division, il restait à peine de quoi reformer un régiment
! J'ai réuni les survivants et je leur ai dit : "Je ne veux que des
volontaires. Vous pouvez abandonner la lutte armée. Vous resterez dans la
SS, mais comme travailleurs. Je ne veux plus avoir avec moi que des
combattants."
Le 10 avril, un Bau-bataillon (un
bataillon de travailleurs) doit être formé sous les ordres de Roy
aidé du Waffen-Untersturmführer Martret. Les Français qui n'en
peuvent plus rejoignent cette unité stationnée à Drewin et prennent la
pelle. Ils n'auront plus de contact avec leurs camarades combattants. Le
Waffen-Obersturmführer Géromini quitte le commandement du Bataillon
58 pour une compagnie de travailleurs. Le SS-Hauptsturmführer Jauss
remplace alors Géromini à la tête du bataillon constitué en majorité
d'anciens de la LVF et de la milice. Le moral de Jauss déclinera rapidement
avec les jours qui passent. Il sera relevé de son commandement. Le même
jour, le 10 avril, le bataillon Martin (voir résistance à Gotenhafen), soit
une centaine de survivants de Gotenhafen, rejoint le régiment
"Charlemagne". La majorité des rescapés est versée dans les deux
bataillons de grenadiers.
Le 13 avril, des conseils de guerre sont
formés ils durent jusqu'au 23 avril. 9 sous-officiers et hommes de troupes
sont condamnés à mort principalement pour vol de nourriture. Les sentences
sont très sévères pour ne pas dire extraordinaires, la peine normale étant
soit la dégradation soit l'emprisonnement dans un camp voir la mutation
dans une section spéciale.
Le 14 avril, Un peu plus d'une vingtaine de Oberjunker arrivent de Kienschlag, le camp de
Neweklau en Bohême qui vient de fermer. Jacques Frantz sera nommé
officier d'ordonnance (I.A) d'Henri Fenet durant la bataille de
Berlin. N'oublions pas le Waffen-Untersharführer Jean Malardier,
auteur du livre "Combats pour l'honneur" et volontaire pour
Berlin. Si parmi ces volontaires il y là encore des anciens de la Légion
des Volontaires Français contre le bolchevisme comme Jean Cossard,
il y a aussi de jeunes engagés qui sortent de l'instruction et qui n'ont
jamais connu les combats. Kienschlag ayant fermé, la
"Charlemagne" reçoit aussi les instructeurs français du camp, Michel
(ancien LVF), Kreuzer et Cance tous anciens de la
Sturmbrigade sont de retour. Le Waffen-Sturmbannführer Cance envoyé
par Darnand n'est pas là pour rejoindre la troupe mais pour
récupérer les miliciens. Les tractations avec Krukenberg tournent courts et
il est envoyé au SS-Hauptamt à Berlin qu'il quittera le 22 avril. Cance
sera fait prisonnier par les Anglais dans le nord de
l'Allemagne.
A la même période, l'armement arrive
enfin au régiment. Les nouvelles tenues camouflées ainsi que les
Sturmgewehr-44 et Panzerfaust sont distribués en bonne quantité.

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Le Waffen-Standartenoberjunker
Labourdette est nommé Waffen-Untersturmführer à Carpin. Il décède en
1945.
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Blessé au pied durant les
combats en Poméranie, le SS-Standartenführer Zimmerman est hospitalisé à
Anklam puis prend le commandement du régiment Charlemagne, le 24 avril
1945. Il décède en 1995.
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Le Waffen-Obersturmführer
Géromini lorsqu'il était à la Franc-garde. Il commande un temps le
Bataillon 58 puis la 2e compagnie du Bau-Bataillon.
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Le Waffen-Sturmbannführer
Boudet-gheusi en août 1942 lorsqu'il était capitaine à la Légion
tricolore. Son sturmbataillon aurait dû défendre Berlin encerclé.
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Dans la nuit du 23 au 24 avril, le
Waffen-Hauptsturmführer Fenet est convoqué d'urgence au Q.G. de Carpin.
Un télégraphe émanant du Führerhauptquartieret envoyé par le
SS-Sturmbannführer Günsche vient d'arriver "Division
Charlemagne unter Ausnützung aller Verkehrsmöglichkeiten sofort Eisatz
Berlin. Meildung Reichskanzlei Adolf Hitler". Le sort de la Charlemagne
est scellé, le combat final va commencer.
Les 700 Français encore armés doivent
rejoindre Berlin le plus rapidement possible. Une dizaine de camions Ford
sont fournis par la Luftwaffe, il devront faire
plusieurs aller-retour alors que l'essence est de plus en plus rare, la
mission semble impossible. Les trois compagnies du Waffen-Bataillon der SS
nr.57, la compagnie Weber, la compagnie Rostaing du 58 sont du premier
convoi soit 350 hommes. Le reste, 300 volontaires environ sous les ordres
du Waffen-Sturmbannführer Boudet-gheusi, doit se tenir prêt pour
embarquer dans le deuxième convoi.
Le 24 avril vers 8h30, le Sturmbataillon
Fenet et la compagnie Weber partent pour Berlin. Les 300 volontaires de
Boudet-gheusi ne le savent pas encore mais ils ne reverront plus leurs
camarades. Les restes du Französisches
Freiwilligen-Sturm-Regiment der SS "Charlemagne" sont
dorénavant commandés par le SS-Standartenführer Walter Zimmerman.
Dans la matinée du 27 avril 1945, les
Soviétiques sont signalés à 15 kilomètres de Carpin. Le P.C du régiment
déménage à Zinow mais les Français tiennent les barrages antichars de
Carpin et de Fürtensee, ancien PC du bataillon 57. Bergfeld et Goldenbaum
sont investis par l'Armée Rouge. Le Bau-Battaillon est mis en route en
direction de l'ouest, Marotel :" le 27 avril, nous quittons les
fermes où nous cantonnons. Je vais mieux, mais je dois m'arrêter à la nuit
et abandonner ce groupe d'homme qui suivent cette route qui ne mène nulle
part".
Le 29 avril, Neustrelitz tombe, 85% de la
ville est dévastée par les flammes. Les hommes de Boudet-Gheusi
partent vers l'ouest dans l'espoir de rejoindre le Danemark mais surtout
pour éviter la capture par les Russes. 60 Français du Waffen-Bataillon der
SS nr.58 commandé par le SS-Hauptsturmführer Kroepsch trouvent la
mort sur la route allant de Neustrelitz à Wesenberg. Près de Wesenberg,
deux jeunes volontaires sans doute prisonniers ou blessés sont égorgés
!
Le 30 avril, Grünow, où était stationnée
il n'y a pas si longtemps le Bataillon 58 est envahi à son tour. Plus tard,
une épidémie de Thyphus dévastera le village.
Le 1er mai, la colonne française épuisée
par les marches et les attaques aériennes atteint Wismar mais la poche sur
le Mecklemburg s'est refermée, il n'y a plus aucun espoir de rejoindre le
Danemark.
Le 2 mai près de Bad-Kleimen,
Boudet-Gheusi décide de se rendre, certains Français tentent l'aventure en
enfilant des vêtements civils. Dans la gare de Bobitz, 14 Waffen-SS français
de l'Etat-Major se rendent aux Anglais. L'affaire tourne mal pour Jean
Boudet-Gheusi et son adjoint, ils doivent être livrés aux Soviétiques
mais parviennent à s'évader et à rejoindre une colonne de prisonniers. Le
Bau-Bataillon et le Waffen-Bataillon der SS nr.58 viennent de disparaitre
définitivement.

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Le Waffen-Bataillon der SS
nr.57 du Waffen-Haupsturmführer Fenet s'installe quelques jours à
Bergfeld. L'officier réside au Gutshaus de Bergfeld dans une des chambres
situées au dessus de la porte d'entrée.
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Stèle
à la mémoire des civils et combattants de Carpin-Goldenbaum. Erigée en
1995 par Heinz Behnke vétéran du régiment Waffen-SS "Westland".
Elle recevra la visite d'Henri Fenet en 1998 ce qui créa une polémique
dans les cercles antifascistes. elle sera plusieurs fois profanée et
n'existe plus de nos jours.
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Emil Marotel, ici en tenue de
Franc-garde de la Milice. Retrouvant le Régiment 57 à Fürtensee, malade
il est versé au Bau-Bataillon. Durant le retraite entamée le 27 avril, il
préfère tenter sa chance de son côté et combattre avec des Allemands
isolés.
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POur de plus amples informations sur l'aspect
tragique de Bad reichenhall nous lirons : Batailles N°18 octobre-novembre
2006, article de 8 pages d'eric lefèvre.

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Le SS-Obersturmbannführer Hersche est envoyé
par le SS-Brigadeführer Krukenberg au camp de Wildflecken avec la
mission de ramener sur Carpin les derniers éléments de la
"Charlemagne".
L'évacuation du camp de Wildflecken est
décidée le 29 mars 1945. Le 31 mars, un Bataillon de Marche français
constitué de 1200 hommes, comprenant des rescapés de Poméranie, prend la
route sous les ordres du SS-Obersturmbannführer, un Suisse. Comme nous
l'avions lu précédemment la mission de Hersche est de ramener ces cinq
compagnies sur Neustreliz-Carpin. La progression est difficile, la
colonne est talonnée par les blindés américains et mitraillés par les
avions. Les trains n'existant plus il faut marcher, toujours marcher avec
un ventre vide.
Le 12 avril, la colonne arrive à
Marktrediwitz en Thuringe. Un contre-ordre émanant de l'Obergruppenführer
Berger anéantit tout espoir de réunification avec les Français de
Carpin, le Régiment de Marche Hersche doit rejoindre dorénavant un réduit
alpin en Bavière.
Le régiment échappe tant bien que mal à
l'avancée des blindés américains qui les talonnent. Les hommes marchent
jour et nuit pratiquement sans nourriture, traversent la Thuringe et la
Haute-Franconie, les désertions se multiplient.
Le régiment Hersche, qui ne compte plus
que 600 hommes, arrive le 14 avril 1945 à Regensburg sur le Danube et
continue vers le sud. Le 18 avril près de Wartenberg, une unité de
Français participe aux combats retardataires. Certains défendent Moosburg
aux côté de la 38. SS-Panzer-Grenadier-Division "Nibelungen",
dernière division de la Waffen SS formée avec le personnel de l'école
d'officiers de la SS de Bad Tölz et du RAD. Parmi ces défenseurs de
Moosburg, certains sont faits prisonniers près de Lofer dont les
prisonniers exécutés de Bad Reichenhall. Mais le gros des défenseurs,
lorsqu'ils ne sont pas morts au combat, se rendent le 18 avril. Certains
en profitent pour balancer leur veste et en revêtir une de la Wehrmacht,
d'autres se contentent d'arracher les insignes de col même si les traces
se voient encore.
Encore une nouvelle fois le régiment se
divise, une partie choisissant de continuer la lutte en Autriche où ils
capituleront près de Loger. Le 1er mai 1945, Hersche est nommé
SS-Standartenführer tandis que les derniers de Wildflecken continuent
leur route vers l'Italie et capitulent à Bolzano dans le Tyrol du Sud
début mai. Un accord est fait avec les anglo-américains pour ne pas être
livré au gouvernement français avant un an.
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C'est sous uniforme et
matériel américains que le général Leclerc interroge les prisonniers du
régiment Hersche à Bad Reichenhall. Dans quelques heures ils seront
exécutés dans une clairière, leurs corps laissés à l'abandon pendant
quelques jours avant que les troupes américaines ne les enterrent. Ironie
de l'histoire certains des exécutés seront condamnés par contumace par la
justice française en 1947 !
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Quelques hommes du régiment
Hersche : Le Waffen-Obersturmführer Krotoff ancien de la Sturmbrigade et
rescapé de Poméranie, le Waffen-Untersturmführer Briffaut ancien de la
LVF et de la brigade Charlemagne, le Waffen-Untersturmführer Daffas
ancien de la LVF. Tous ont le visage amaigri et inquiet. Ils seront
exécutés par les hommes du lieutenant Ferrano, 4e compagnie du I
bataillon du Régiment de Marche du Tchad de la 2e DB.
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le lieutenant Maurice Ferrano
décédé le 9 juillet 1981 à Toulon. Il commandait la 4e compagnie du I
bataillon du Régiment de Marche du Tchad de la 2e DB.
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...suite en construction...
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